Photo : Riad Par Ali Boukhlef Après 23 ans de présidence, Saïd Sadi se retire de la direction du RCD. La décision a été annoncée par le concerné lui-même, lors d'un discours prononcé hier à l'ouverture du congrès de son parti, qui se tient à la Coupole du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf d'Alger.«Je pense sincèrement que désormais il faut que les jeunes cadres du parti, qui représentent déjà l'essentiel de la direction, assument leurs pleines responsabilités dans les nouvelles étapes qui attendent le pays. Avec une conscience sereine et une pleine confiance en l'avenir, je vous annonce ma décision de ne pas me représenter au poste de président du RCD. J'ai longuement réfléchi, je m'en suis ouvert aux membres de la direction.» «Il est temps que les compétences formées dans et par le parti s'expriment et s'accomplissent. Il va de soi que je resterai militant car j'estime que l'on n'a pas le droit de revendiquer la liberté et la justice et s'exonérer d'un engagement personnel dans les luttes qui se mènent pour la démocratie», a notamment déclaré le chef du parti dans une longue allocution prononcée devant plus de 2 200 congressistes et des invités venus d'autres formations politiques et de pays étrangers.Celui qui a présidé le parti depuis 1989 a précisé qu'il va rester simple militant. A l'adresse des militants qui scandaient : «Sadi président», il a répliqué qu'il «existe d'autres Saïd Sadi au RCD. Il ne faut pas reproduire le schéma du système à l'intérieur du parti». L'orateur semble répondre ainsi à ceux qui lui ont toujours reproché de demander le changement du système, alors que cela n'est pas valable au sein de son parti.Avant cette annonce, le chef du RCD a fait le bilan de sa présence à la tête du parti. Il s'est félicité du fait que son parti ait porté des «combats» qu'il juge «justes». Il a aussi rappelé que le parti est désormais présent «partout» dans le pays.Il n'a pas non plus omis de s'attaquer au pouvoir. Pour cela, il a employé des termes durs. «Oui il y a quelque chose qui relève du proxénétisme politique dans cette démarche qui consiste à imposer des conduites sociales à des populations, à protéger les siens et en tirer seuls les dividendes. Augmenter le nombre de sièges à l'Assemblée nationale au moment où les pays développés en réduisent le nombre participe de la même démarche : élargir les clientèles pour mieux asseoir ses réseaux», a-t-il accusé avant de poursuivre : «Oui il y a quelque chose qui relève de la prostitution dans cette propension à se commettre dans des élections jouées d'avance au moment où le peuple algérien exprime sa fureur quotidiennement dans la rue et que, dans le même temps, notre environnement géopolitique s'engage dans un mouvement historique pour s'émanciper de systèmes prédateurs ayant engendré des régressions qui affecteront des générations entières et qui ne doivent leur survie qu'aux concessions attentatoires à la souveraineté économique et politique de leur pays.»Saïd Sadi, âgé aujourd'hui de 65 ans, a été élu une première fois secrétaire général du parti (devenu président dès 1998) du RCD en 1989. Il a toujours été reconduit à la tête d'un parti qui a connu beaucoup de crises. A commencer par la perte de militants durant les années de terrorisme jusqu'à des démissions en cascades de cadres et militants du parti. Des sources au congrès avancent que l'actuel secrétaire national chargé de la communication, Mohsin Belabbès, est favori pour succéder à Saïd Sadi. L'élection aura lieu aujourd'hui.