Photo : S. Zoheir Par Badiaa Amarni La culture maraîchère en Algérie se développe de plus en plus, à la faveur du développement des techniques agricoles utilisées de par le monde et qui sont introduites chez nous. La tomate fait partie de cette culture. Considérée comme étant un fruit, ce produit très riche en vitamines est très prisé par les consommateurs. Même si son prix est parfois, et cela selon les saisons, hors de portée du citoyen à la bourse moyenne, il n'en demeure pas moins que ce dernier fait souvent en sorte de ne pas sacrifier cet aliment. En été, les prix étant abordables, elle est consommée à volonté.
Qu'en est-il de cette filière en Algérie ? Le pré bilan de la campagne 2007-2008 fait état de la plantation d'une superficie d'environ 17 863 hectares. Une hausse de 54% est enregistrée par rapport à la campagne précédente, selon les informations que nous avons recueillies auprès de la cellule de communication du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Les wilayas potentielles pour la production de la tomate que sont Annaba, Skikda, El Tarf et Guelma réalisent à elles seules environ 92% de la superficie plantée en Algérie. Toujours selon le ministère de l'Agriculture, l'opération de récolte, qui a commencé la deuxième décade de juin 2008, a affiché une quantité de 4 799 609 quintaux de tomate fraîche, dont 4 441 615 quintaux ont été récoltés dans les wilayas potentielles. La transformation de ce fruit a démarré le 2 juillet 2008 et a permis de dégager une production estimée à 43 576 tonnes en double concentré de tomate. Comparativement à l'année précédente, les résultats dans la production sont nettement meilleurs, même si parfois les agriculteurs ont souffert de l'apparition de certaines maladies, notamment à Corso, dans la wilaya de Boumerdès. Il faut savoir que la campagne 2006-2007 a donné lieu à la plantation d'une superficie de 11 496 hectares et une production totale 2 611 480 quintaux. Le produit transformé est estimé à 92 770 tonnes équivalant en double concentré de tomate à 17 637 tonnes.
Une campagne sans problème mais… Malgré tous les efforts consentis par l'Etat pour développer davantage cette filière, il n'en demeure pas moins que des difficultés entravent l'action des fellahs, notamment avec l'apparition de certaines maladies. Pourtant, les Directions de l'agriculture et les instituts spécialisés dans la végétation informent et sensibilisent les agriculteurs sur les affections qui peuvent nuire à leur culture. Même si cette année, la campagne semailles de la tomate et sa récolte se sont déroulées sans grand problème, signale-t-on au niveau du département du Docteur Rachid Benaïssa, il n'en est pas moins que la problématique de la transformation de ce produit reste entière. En effet, les récentes déclarations du président de la Chambre nationale d'agriculture sur les ondes de la radio Chaîne III, qui a presque tiré la sonnette d'alarme font état que la moitié des besoins en concentré de tomate est importée. En effet, la production de la tomate industrielle a connu une baisse considérable durant les deux dernières décennies en Algérie. «La filière peine aujourd'hui à faire face à la demande du marché national», estiment les spécialistes du domaine, d'où l'importation de ce produit, c'est-à-dire la tomate concentrée de moindre qualité parfois et qui provient de Turquie, de Chine mais surtout de Tunisie. Car le produit algérien est connu, depuis longtemps, pour sa qualité et surtout sa saveur. Il faut rappeler qu'en 1995 et 1996, notre pays produisait plus de 70 000 tonnes de double concentré de tomate. Une quantité qui parvenait à couvrir largement les besoins nationaux en la matière. De plus, l'Algérie a même réussi des tentatives d'exportation de quelques dizaines de milliers de tonnes de ce produit à l'international.
Un plan pour subventionner les unités de transformation Aujourd'hui, notre pays est passé d'une phase où il était exportateur au stade d'importateur… Et de quels produits ? Parfois, ils sont «douteux», nous déclarent certains citoyens fidèles au concentré de tomate de fabrication nationale. «Je n'achète que le produit fabriqué localement», nous confie une ménagère rencontrée dans un marché de la capitale qui n'omettra pas de mettre en exergue la qualité de la tomate concentrée algérienne. «Il m'arrive parfois d'utiliser celle importée mais je trouve qu'elle n'a aucun goût», soutient encore notre interlocutrice. Il faut aussi rappeler que seule la moitié de ce qui est produit habituellement dans les usines est actuellement transformé. D'ailleurs, de nombreuses unités de transformation ont fermé et plus de 7 000 postes d'emploi ont été perdus. Selon M. Ould El Hocine, président de la Chambre d'agriculture et toujours sur les ondes de la radio Chaîne III, cette baisse de la performance est due au fait que la filière ait été laissée à la libre appréciation des agriculteurs en collaboration directe avec les transformateurs. Cela sans compter le fait que les surfaces de production ont été rétrécies, ce qui s'est répercuté sensiblement sur le niveau de la production. Le ministère de l'Agriculture, pour venir en aide à cette filière, a procédé à la signature, en mars 2007, d'un accord interprofessionnel avec certains objectifs à atteindre, à savoir fixer un prix préférentiel estimé à 7 DA le kg cédé par les agriculteurs aux industriels. Les autres objectifs sont de soutenir directement les producteurs. Une autre aide de l'Etat est également dédiée à l'achat des plants maraîchers et à l'engraissement… Il faut savoir que le prix référentiel a été reconduit pour l'année en cours et il est respecté par toutes les parties. Grâce à toutes ces mesures, la filière estime le président de la chambre d'agriculture commence à reprendre son envol. L'Algérie est, de ce fait, sur la bonne voie pour couvrir les besoins nationaux, estimés entre 70 000 et 80 000 tonnes/an à partir de l'année prochaine. Mais estime M. Ould El Hocine sur les ondes de la Chaîne III, il est aujourd'hui urgent d'arrêter l'importation du concentré de tomate qui inonde le marché national et qui grève le budget de l'Etat. Car, l'Algérie dispose aujourd'hui d'un tissu industriel important en matière de transformation de la tomate industrielle qui peut répondre à la demande nationale et même opérer dans l'exportation. Des appels ont été lancés à maintes reprises par les transformateurs de ce produit au gouvernement pour des mesures urgentes afin de sauver cette filière. Un plan pour subventionner ces unités sera mis en place.