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Les Algériens ronronnent, racontent des histoires et oublient l'Histoire Si l'émission de France 2 vise à absoudre les crimes coloniaux de l'état français
Il n'y a rien à reprocher à France 2 ni aux Français invités sur son plateau pour défendre la position de la France officielle d'hier et d'aujourd'hui, quant aux crimes coloniaux commis en Algérie et ailleurs. Il est tout à fait normal que des Français nostalgiques de l'Algérie française, frustrés d'avoir perdu une colonie, ses richesses, ses terres, ses esclaves… de refuser d'admettre que le colonialisme est hideux, abominable et condamnable sans appel. La France officielle d'aujourd'hui n'est manifestement pas différente de la France de 1830 jusqu'à 1962. De Napoléon III à de Gaulle, il s'agit du même establishment politique qui renie ses propres principes fondateurs et la déclaration des droits de l'Homme de 1789. France 2 aura été fidèle à l'engagement officiel de ne pas reconnaître les crimes coloniaux de la France et de ne pas demander pardon aux peuples qui ont subi les affres du colonialisme. S'il y a un reproche à faire, c'est aux Algériens. Ces Algériens qui culpabilisent lorsque des médias, des historiens et des politiques français évoquent les dépassements du FLN et les exactions commises contre des civils «innocents» et contre les harkis. Qui sont ces civils innocents ? La France oublie ou feint d'oublier qu'il s'agissait d'une colonie de peuplement et non d'un protectorat. Les colons installés en Algérie sont venus de leur propre gré, attirés par des terres à occuper. Ces terres n'étaient ni en jachère ni sans maître. Elles appartenaient à des tribus et étaient le symbole de l'honneur et de la dignité de ses propriétaires. Ces colons civils innocents ont participé à l'expropriation de ces terres, à la répression des Algériens, aux assassinats, aux déportations, aux tortures et ont condamné les Algériens à la misère, à l'ignorance, aux maladies et à l'errance. Ils sont aussi coupables que les militaires et les politiques de l'ordre colonial. Ces civils innocents faisaient partie de l'ordre colonial et à ce titre, étaient la cible de la violence révolutionnaire légitime que les Algériens sont prêts à engager de nouveau si le besoin se fait sentir. La violence a été imposée par la France coloniale qui a occupé au nom d'arguments propres à tous les colonialistes, une terre sans le consentement de ses occupants. Cinquante ans après la fin d'une guerre d'indépendance, des voix s'élèvent pour culpabiliser les Algériens d'avoir engagé une violence contre des «innocents». La stratégie de la France officielle consiste à culpabiliser la victime pour ne jamais lui demander pardon. Cette stratégie semble fonctionner avec certaines catégories d'Algériens qui, déçus par la politique des pouvoirs algériens depuis l'indépendance, deviennent, par aveuglement et esprit revanchard, des révisionnistes et des néo-colonisés. D'autres Algériens, redoutant l'islamisme rampant ou l'hégémonie d'un FLN conservateur, préfèrent soutenir les thèses de la France au détriment de l'intérêt national. S'il y a un reproche à faire, c'est à cet Algérien qui était sur le plateau et qui a déclaré que la jeunesse algérienne a d'autres préoccupations que de s'intéresser à l'histoire de son propre pays et de reprendre le flambeau de la mémoire collective pour ne jamais oublier les crimes coloniaux. S'il y a des reproches à faire, c'est aux médias lourds de l'Algérie qui ne s'ouvrent pas sur la mémoire collective et laisse le champ libre aux médias français pour réécrire l'Histoire à leur convenance. S'il y a un reproche à faire, c'est à l'Etat algérien qui se noie dans un verre d'eau pour entamer les festivités du cinquantenaire de l'indépendance depuis au moins le début de l'année 2012, laissant l'espace aux thèses colonialistes pour remplir le vide sidéral qui donne le vertige et la nausée. A. G. Lire dossier pages 2 et 3