La situation au Mali, sous le contrôle de la junte militaire depuis le putsch de jeudi dernier contre le président Amadou Toumani Touré (ATT), demeure confuse et suscite une vive inquiétude au sein de la communauté internationale. Malgré les assurances formulées par le chef des putschistes, le capitaine Amadou Sanogo, l'avenir de Bamako semble sombre. D'une part, les putschistes devraient affronter les rebelles touareg qui contrôlent le nord du pays, et d'autre part, ils craignent une contre-offensive des partisans du président déchu dont on ignore toujours le sort. Le coup d'Etat, qui a commencé par une mutinerie dans la caserne de Kati (15 km au nord-ouest de Bamako), s'ensuit la prise de la radiotélévision publique et le renversement du chef d'Etat malien, à un mois seulement de la fin de son deuxième et dernier mandat présidentiel. De plus en plus isolés, les membres de la junte qui ont créé le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (Cnrdre) tentent de rassurer les Maliens, en vain. Il en est de même des organisations régionales, continentales et internationales qui ont désapprouvé ce coup d'Etat qui n'est que le résultat de l'impuissance de Bamako à faire face à la rébellion du Mouvement national pour la libération de l'Azawad qui a, indirectement, provoqué la chute d'ATT. Douze partis politiques maliens ont dénoncé la junte, accentuant ainsi l'isolement du Cnrdre. La participation du Mali aux activités de l'Union africaine a été gelée jusqu'au retour du pays à l'ordre constitutionnel et la remise du pouvoir aux mains des civils. A noter que les ministres des Affaires étrangères de deux pays africains, en l'occurrence ceux du Zimbabwe et du Kenya, ainsi que le secrétaire d'Etat tunisien en charge des Affaires africaines, se sont retrouvés bloqués à Bamako depuis le coup d'Etat, a indiqué une source de l'UA. Ils seraient toujours dans un hôtel de la capitale en attendant un retour au calme. Mais actuellement, il est pratiquement impossible d'envisager tout retour à la normale tant que les militaires putschistes ne contrôlent pas totalement la situation et que les rebelles du Mnla ne se décident pas à suspendre leurs attaques dans le nord du pays. La situation humanitaire risque, quant à elle, de se dégrader sérieusement, déjà que le quotidien des milliers de déplacés s'avère être difficile. La présence des terroristes d'Al-Qaïda sur le sol malien n'arrange aucunement les choses, d'où l'inquiétude de la communauté internationale qui craint les pires scénarios dans l'un des plus pauvre pays de la sous-région sahélienne. Parallèlement, plusieurs pays et organisations internationales ont annoncé la suspension de leur aide financière au Mali. Après l'Union européenne qui a gelé son aide et les Etats-Unis qui menacent d'en faire autant concernant leur aide militaire, qui s'élève à 70 millions de dollars, c'était au tour du Canada de suspendre son aide, a annoncé le gouvernement canadien. Ottawa est l'un des principaux pays donateurs qui aident le Mali. L'année dernière, son aide a atteint 109 millions de dollars. Il faut rappeler que l'instabilité que vit le Mali affecte d'une manière directe ou indirecte les pays voisins, dont notre pays. Plusieurs dizaines de milliers de déplacés maliens ont franchi les frontières des pays voisins où des camps pour réfugiés ont été installés, mais dont les capacités d'accueil sont complètement dépassées par le flux des populations qui arrivent tous les jours depuis la mi-janvier dernier, date à laquelle le Mnla a repris les armes contre le pouvoir de Bamako avant que l'armée ne destitue ATT jeudi dernier en raison de son incapacité à mettre fin à la rébellion des Touareg qui demandent l'indépendance du nord du Mali. L. M.