Photo : Sahel De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur
Lorsqu'il s'agit d'évoquer la culture à travers la lecture, chacun peut facilement dire que la bibliothèque est une institution culturelle de la cité, désignant de ce fait une bibliothèque en tant qu'institution, organisation publique de diffusion culturelle. Or, la fréquentation de ces lieux semble être différente des autres lieux publics et espace Internet, alors que la bibliothèque joue un rôle dans l'appropriation culturelle individuelle et communautaire. En effet, la bibliothèque n'est peut-être pas seulement un lieu de diffusion, où le contact direct entre le public et les documents serait suffisant, mais assume aussi un rôle d'entremetteur entre cette sélection de documents et le public, en exposant le cheminement mis en œuvre. Pourtant, les bibliothèques publiques, une fois bien «garnies» et équipées, peuvent contribuer de façon indubitable, à la lutte contre les processus d'exclusion et de relégation… Ironie du sort : elles le sont mais peu fréquentées. Un bonne politique s'impose pour forcer les jeunes à lire davantage loin de l'écran, à ouvrir des fenêtres. Cela dit dans les bibliothèques, les jeunes peuvent majorer un «capital» scolaire et culturel qu'ils tenteront ensuite de négocier sur le marché de l'emploi. Et c'est peut-être avant tout parce qu'en faisant leurs des textes, des images qu'ils y trouvent, certains élaborent une intelligence de soi, de l'autre, du monde, une distance critique, qui leur permettent de sortir des places. Selon bon nombre d'observateurs, ces derniers ont affirmé que sur le plan éducatif, la bibliothèque est perçue avant tout comme ce complément essentiel de l'école, où ils se réchauffent le cœur auprès de ceux qui leur ressemblent. S'ils s'aventurent dans les rayons, c'est essentiellement pour chercher des documents en rapport avec le devoir ou l'exposé à préparer. Or sur le terrain, la réalité est amère, car pour revaloriser ces infrastructures, afin que le livre retrouve sa place dans le domaine culturel, c'est tout un effort qui devrait être fourni, autrement, rien ne changerait. «Forcer les écoliers à faire des recherches via la lecture est une solution efficace pour les encourager à lire», dira un parent d'élève, alors qu'un autre ironise : «On demande à nos enfants de faire des recherches via internet sans même savoir ce qu'ils ont imprimé et remis à l'enseignant.» Pour les universitaires et spécialistes, la mission d'une bibliothèque est avant tout d'être le lieu où peuvent s'exercer les droits culturels de chacun, de permettre l'accès au savoir, et à des œuvres qui aident à penser sa vérité subjective et son humanité partagée, et c'est sans doute encore d'offrir des passerelles vers des univers culturels élargis, vers des lectures plurielles. Les bibliothèques contribuent à la politique et au développement culturels comme elles répondent aux besoins de recherche et de connaissance, offrant de ce fait information et divertissement tout en faisant la promotion de la connaissance sur la littérature, la musique, les arts, l'histoire et d'autres aspects de la culture, car sans culture, les bibliothèques ne sauraient exister et, en retour, les bibliothèques font la promotion de la culture et la favorisent. La lecture qui a perdu de sa vocation à Tlemcen semble renaître mais d'une façon timide. Pourtant, lire, au sens strict, c'est se mettre à l'écoute du monde qui nous entoure et qui sollicite nos sens, pour nous concentrer sur les signes du livre que nous avons entre les mains. On privilégie, aujourd'hui, la masse des connaissances validées par un diplôme et on néglige la lecture. On n'a pas le temps de lire, on a mieux à faire. Un intellectuel ressortira à ce sujet la nécessité d'accentuer les manifestations des Salons du livre, puisque le salon a une incidence sur le rendement en lecture. Nous avons constaté que les aspirations des parents à l'éducation, le soutien pédagogique familial et l'intérêt des parents à la vie intellectuelle sont les caractéristiques familiales qui ont le plus d'incidence sur le rendement en lecture des élèves. De façon plus précise, soulignent certains, plus les aspirations des parents à l'éducation sont élevées et plus le rendement en lecture de leurs enfants est élevé. Il se pourrait que les parents se fixent un objectif plus élevé en matière d'éducation pour leurs enfants et renforcent constamment les efforts déployés par leur progéniture pour à atteindre cet objectif. Cependant, il est souhaitable que les parents saisissent cette opportunité et déploient des efforts pour offrir un soutien approprié afin d'améliorer le rendement en lecture de leurs enfants. Le livre n'est autre qu'un miroir, les livres nous réfléchissent. L'été venu, la routine ayant perdu ses droits, il est temps de se laisser happer par le flot des mots, des images en cascade que nous offrent les écrivains. Enfin, nous aurons le temps de nous baigner dans cette douceur, de jeter les amarres sur des terres inconnues. Malgré des prix élevés, on ose acheter quelques titres recherchés, et au niveau des librairies, et tout au long de l'année, les livres se succèdent, bien en place sur les rayons. Là, à attendre les beaux jours, ils ont patienté jusqu'à ce que le temps permette qu'on ne les néglige plus ou qu'on ne les consulte plus qu'à la sauvette.