On ne cesse d'en parler, mais les choses ne font qu'empirer. L'insécurité routière est aujourd'hui une vraie source d'inquiétude pour tous les Algériens. Professionnels des transports et usagers de la route craignent à chaque instant pour leur vie. La semaine dernière, un accident impliquant un autobus dans la wilaya de Tiaret avait fait 21 morts et des dizaines de blessés. Au cours de la même semaine, un autre accident d'autobus à Jijel avait causé 36 blessés dont deux dans un état jugé grave. Un troisième accident de minibus dans la wilaya de Souk Ahras engendre 18 blessés. Rien que pour les sinistres touchant les transports en commun, le bilan hebdomadaire s'établit ainsi à au moins 26 morts et 90 blessés. C'est franchement catastrophique ! L'Algérie compte aujourd'hui parmi les trois premiers pays au monde en matière d'insécurité routière. Au cours de l'année 2011, on y a enregistré 4 598 morts et plus de 40 000 blessés. En 2010, les services compétents ont enregistré plus de 3 000 morts et plus de 30 000 blessés. En 2009, les statistiques parlent de 4 300 morts et près de 60 000 blessés. En 2008, le bilan macabre de la route s'élève à plus de4 151 morts, autant que l'année précédente. En cinq ans, cela fait plus de 22 500 personnes «assassinées» sur les routes du pays. Des centaines de milliers d'handicapés et d'estropiés s'ajoutent à la liste des dégâts. Cela équivaut au bilan funeste d'un conflit militaire ou à celui d'un violent séisme. La mauvaise conduite fait plus de victimes que le sida ou le cancer. Les mesures prises par les pouvoirs publics pour limiter l'ampleur de la catastrophe semblent inopérantes. Le contrôle technique des véhicules, la réfection et l'élargissement du réseau routier, les mesures répressives relatives au retrait du permis de conduire, l'amélioration de la formation dispensée par les auto-écoles et les fortes amendes n'ont visiblement pas réduit le nombre de chauffards. Bien au contraire, ca va de mal en pis. Dans un passé récent, on se plaisait à imputer le phénomène au vieillissement du parc roulant et à la dégradation des routes. Aujourd'hui, le parc automobile a été quasiment renouvelé et l'état du réseau routier s'est sensiblement amélioré, alors que la récurrence des accidents ne cesse d'augmenter. A l'évidence, la mauvaise conduite, l'excès de vitesse, le non- respect du code de la route et des consignes de sécurité sont les seules explications recevables de cette hécatombe. C'est là justement qu'intervient le rôle des services de l'ordre public chargé du contrôle et de la régulation routière. La police et la Gendarmerie nationale ont, à ce propos, une grande responsabilité dans la répression des dépassements. Les autorités sont interpellées pour réagir énergiquement afin de protéger les usagers et préserver les intérêts des professionnels du transport. Certaines voix suggèrent la limitation de la vitesse sur les autoroutes à 80 km/h. D'autres évoquent la nécessité d'instaurer des peines de prison à l'encontre des chauffards récidivistes. On a aussi assez parlé du « permis à points ». Toutes ces mesures sont naturellement les bienvenues, mais ne garantissent rien a priori. Leur efficacité dépendra de l'application qui en sera faite sur le terrain. Aujourd'hui même, beaucoup de contrevenants usent ouvertement de leur influence et de leurs relations dans l'administration compétente pour se soustraire aux sanctions. Encore une fois, le facteur humain est déterminant. Les brigades chargées du contrôle et de la régulation de circulation doivent prendre sérieusement conscience de la gravité de la situation. Il n'est plus permis de «pardonner» aux parents, aux amis et aux collègues. Cette complaisance-là est meurtrière. S'il est conseillé aux usagers de respecter les règles de la bonne conduite, policiers et gendarmes doivent aussi appliquer strictement les lois qui sont les leurs. Sinon, la mort sévira encore pour longtemps sur nos routes. K. A.