Les accidents de la circulation constatés durant l'année 2011 resteront dans les annales. Avec 3 831 morts, 44 936 blessés enregistrés dans 25 031 accidents de la circulation pour le seul secteur relevant de la Gendarmerie nationale, les Algériens assistent impuissants à un nouveau terrorisme qui ne dit pas son nom. Le record est ainsi établi : 69 accidents, 10 morts et 123 blessés par jour ! La conférence tenue, hier, à la division de la sécurité routière de la GN se voulait une énième interpellation aux consciences. Et pour cause, note le patron de la division, le colonel Daoui Chenouga, pas moins de 37 000 Algériens ont péri entre la période allant de 2001 à 2011, soit, relève-t-il, 5 communes décimées sur les 114 993 km que couvrent les unités de la GN. Les multiples dispositifs préventifs et répressifs déployés ne semblent guère convaincre les chauffards à prendre conscience du danger de la route. Le conférencier révélera, en ce sens, que les catastrophes routières coûtent à l'Etat entre 1 et 3% du PNB, avec notamment une moyenne de 6 000 handicapés à vie en 2011. Et si le parc automobile, estimé à 6 196 259 voitures, pose un réel problème face au manque d'infrastructures et à la mauvaise matérialisation des routes et des autoroutes, il est évident que l'homme est derrière 22 435 sinistres, soit 81,32 %, dont 14 255 cas causés par les automobilistes ayant un permis de moins de 2 ans (37,22 %). L'année 2011 a également été marquée par les 111 familles décimées sur les routes. “Il faut dire que l'infraction au code de la route est la cause principale de ces accidents, donc l'homme !” dira encore l'interlocuteur. Celui-ci soulignera, par ailleurs, que l'excès de vitesse (34,06 %), la perte de maîtrise du volant (27,16 %) et les dépassements dangereux (36,02 %) sont également les facteurs majeurs de cette catastrophe, aux côtés de l'usage du téléphone portable et des comportements inconscients des piétons. Les accidents mortels dans lesquels sont mêlés les transports lourds coûtent la vie à une moyenne quotidienne à 6 et 13 automobilistes et occupants et entre 15 et 30 blessés. À ce sujet, note-t-on, 5 810 sinistres (31,73%) sont dus essentiellement aux transports de marchandises, 1 584 autres cas (22,24%) aux transports en commun des voyageurs alors que 31,73% sont dus aux véhicules légers. C'est que le comportement assassin de certains chauffards fait ressortir un nombre impressionnant de délits. En effet, plus de 100 000 automobilistes ont été flashés au radar et au tachymètre à des vitesses allant de 110 km/h jusqu'à 180 km/h. Et le bilan parle de lui-même : 323 484 délits, 90 752 contraventions et 545 500 amendes forfaitaires ont été enregistrés en 12 mois. Du secteur relevant de la GN, plus de 193 000 permis de conduire retirés ont atterri auprès des commissions de daïra et de wilaya. Un chiffre record jamais égalé durant les années précédentes. Généralement, relève-t-on dans le même bilan, le gros des accidents survient durant les périodes des grandes vacances et du mois de Ramadhan (entre juin et octobre), avec respectivement 2 800 sinistres/mois, soit 41,76%. Autre phénomène en vogue en Algérie : les automobilistes qui empruntent la voie de gauche. “À mon sens, ces conducteurs ont passé leur permis en Algérie et non en Grande-Bretagne. Même les Anglais s'adaptent au code de la route des autres pays. Je n'arrive pas à expliquer ce phénomène qui représente 29,01% des causes des accidents de la route. Je m'adresse à vous en qualité de partenaires, la lutte contre ce fléau n'est pas l'apanage des services de sécurité, c'est l'affaire de tous !”, s'exclamera le conférencier. Une chose est sûre, l'Algérie, classé 3e au monde en matière d'accidents de la circulation, enterre chaque année plus de 4 000 morts, dont 485 mineurs écrasés par des chauffards récidivistes et les séquelles ne sont que profondes. F B