«La mauvaise monnaie chasse la bonne», dit-on en économie. Il semble bien que cette loi s'applique également en politique. La preuve nous est donnée par la tripotée de partis et la pléthore de listes d'indépendants qui se sont lancés dans la course aux fauteuils de députés, sans pour autant se poser la question sur leurs compétences et capacités, ou plutôt incompétences et incapacités, à analyser une situation, élaborer et proposer des alternatives, tracer stratégies et imaginer des solutions réalistes et réalisables aux problèmes. L'objectif n'est pas de porter la révolution dans l'hémicycle mais seulement d'y entrer, avec l'idée d'y trouver le sésame qui ouvrira la grande porte donnant sur la périphérie du pouvoir où il fait bon vivre, dans un climat d'affaires juteuses et à l'abri de la justice, si d'aventure elle devenait un jour aveugle et frappait sans distinction de statut et de rang, et la ferme intention d'en ressortir plus puissant et plus riche. Sinon pourquoi ces crêpages de chignons autour de la désignation des candidats des partis, au point où certains déçus sont allés jusqu'à quitter la formation qui leur a refusé le marchepied du pouvoir pour essayer de s'en offrir un en créant des listes d'indépendants ? Les différends et divergences ne portent pas sur les programmes, puisque de programmes il n'y en a guère, mais seulement sur la désignation ou non. On peut même dire qu'en fait de programme, il n'y en a qu'un seul pour tous ces prétendants, qui se résume à la même série de promesses populistes qu'on présentera toutefois sous un autre emballage : démocratie, justice, logement, travail pour tous, surtout les jeunes, et solutions de tous les problèmes du pays et des citoyens. Mais pas l'ombre d'une politique qui permettrait de concrétiser toutes ces promesses. Personne ne se pose de questions sur le réalisme ou l'irréalisme de tous les engagements qu'il prend devant les citoyens. L'obligation de résultats n'a pas de place dans le jargon politique ni économique d'ailleurs. Pourquoi alors ces apprentis politiciens, ces politiques du dimanche et du vendredi, se poseraient-ils des questions sur leurs aptitudes que personne ne se pose plus depuis longtemps, depuis que la médiocrité, toute honte bue, s'affiche partout et à tous les niveaux ? Le vaudeville et le cabotinage sont désormais l'apanage de la gestion des affaires, qu'elles soient politiques, économiques, sociales ou culturelles. C'est le nivellement par le bas. Les médiocres, les incompétents, les incapables et les opportunistes grimpent les niveaux de la hiérarchie et montent à l'assaut des hautes sphères sans la moindre difficulté. Il faut croire qu'ils sont aidés et encouragés par d'autres qui les y ont précédés. Il y a bien des diplômés et des compétences qui pourraient, et devraient, émerger au-dessus de cette marée de médiocrité, mais il faut d'abord balayer tous les incompétents qui leur barrent le passage pour occuper les postes qui devraient leur revenir. H. G.