Photo : Riad Par Bahia Aliouche Au marché de Bachdjerrah, à Alger, la pomme de terre de saison largement consommée par la société algérienne est vendue à 80 DA le kilo, le prix de la tomate oscille entre 50 et 60 DA/kg (selon la qualité), l'oignon entre 35 et 50 DA/kg, les carottes sont proposées à 50 DA/kg, les petits pois entre 60 et 80 DA/kg, les navets entre 50 et 60 DA/kg, la courgette entre 100 et 120 DA/kg, les haricots entre 140 et 150 DA/kg et le piment doux entre 100 et 120 DA/kg. Les fruits de saison ont emprunté la même courbe ascendante, accentuant ainsi la dégringolade du pouvoir d'achat des citoyens.Voulant justifier la hausse des prix des fruits et légumes, les vendeurs de détail soulignent qu'ils subissent le monopole des vendeurs de gros, tout en assurant que leur marge bénéficiaire est «insignifiante». Loin d'être à la portée des petites et moyennes bourses, les prix des viandes ont aussi enregistré une augmentation.En effet, au marché de Bachdjerrah, le prix de la viande bovine oscille entre 800 et 900 DA/kg tandis que celui de la viande ovine entre 1 000 et 1 200 DA. Le poulet vidé est proposé à 270 DA/kg.L'évolution des prix des produits agricoles intervient, faut-il le signaler, pour le troisième mois consécutif. En effet, en février dernier, les prix de ces produits se sont, selon l'Office national des statistiques (ONS), caractérisés par une hausse de 7,1 % par rapport à janvier qui s'est distingué par une variation plus importante (+10,1 %). Des relèvements substantiels de prix sont observés pour certains produits, notamment la pomme de terre (22,6 %), les légumes (12,8 %) et les fruits (7,5 %). Durant janvier et février derniers, les hausses les plus importantes ont touché la pomme de terre (34,14 %), les œufs (26 %), la viande de mouton (24,8 %), le poisson frais (12,3 %), les légumes frais (8,8 %), la viande de poulet (8,6 %), la viande de bœuf (6,1 %) et enfin les fruits avec 4,6 %, précise l'ONS.Si le président du Conseil interprofessionnel de la filière pomme de terre, M. Séraoui renvoie la hausse des prix aux intempéries qui ont retardé les récoltes, le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Tahar Boulenouar, impute, pour sa part, cette hausse aux lacunes dans la gestion des marchés. «Il y a une faible production nationale en matière de fruits et légumes», affirme-t-il, soulignant que le déficit en alimentation des marchés de fruits et légumes a commencé une semaine avant les intempéries. Ces dernières ont montré qu'il n'y a pas de production suffisante. Elles ont révélé aussi le manque de chambres froides qui permettent d'alimenter le marché en cas de catastrophes naturelles et de coupure des routes.M. Boulenouar renvoie, également, l'écart entre les prix de gros et les prix de détail à l'absence de marchés de proximité et de coordination entre les instances gouvernementales, notamment entre le ministère de l'Agriculture et celui du Commerce. Le directeur général de l'Office national interprofessionnel des légumes et viandes, Lakhdar Marrakchi, soutient les propos de M. Boulenouar, en justifiant la hausse des prix par la faiblesse de la production d'avant-saison. «Les intempéries, avancées comme argument par les détaillants pour justifier cette flambée, ne peuvent plus constituer une raison depuis l'existence des dispositifs de régulation de certains produits et la multiplication des structures de stockage», affirme M. Marrakchi qui avance que la pomme de terre, comme beaucoup d'autres produits à très forte consommation, est aux mains de lobbies très bien organisés qui dictent leur loi. A cet effet, pour réguler le marché des fruits et légumes, «seul le plafonnement des prix et la fixation d'une marge de bénéfice pour les vendeurs au détail pourraient mettre un terme à la spéculation», suggère le secrétaire général de l'Ugcaa, Salah Souilah.