Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tlemcen Feth Allah Chawki
Alors que nous sommes en 2008, l'intégration des technologies de l'information et de la communication dans les écoles reste toujours un point d'actualité. Très peu d'établissements sont dotés d'équipements informatiques que les responsables présentent aux officiels, histoire de dire que tout va bien. A Tlemcen, tout dépend de ce qu'on entend par l'intégration des TIC. Si intégrer les TIC, c'est mettre du gras dans un texte électronique, faire une recherche sur le Web ou faire de jolis acétates en PowerPoint pour illustrer cette recherche, alors on peut dire que cela va très bien. Par contre, si on comprend l'intégration des TIC comme un processus complexe modifiant le rapport au savoir, alors on est loin du compte. Cela signifie, à travers notre enquête, que les établissements scolaires «connectés» n'offrent rien à l'écolier ou au collégien... Ce sont, en général, les cadres des établissements scolaires qui en profitent. Les cours d'informatique restent flous à défaut d'une pratique suffisante. Bon nombre d'élèves et même des lycéens ignorent comment pianoter sur un clavier. Du côté des responsables, on souligne que l'Etat a investi des sommes colossales pour introduire l'Internet dans les écoles et en faire un moyen d'apprentissage. Certes, mais il reste beaucoup à faire dans le domaine, surtout dans les régions les plus reculées. En réponse à notre question relative si tous les élèves ont accès à l'informatique ou comme appelé NTIC, les enseignants précisent qu'il s'agit-là d'un grand malheur. Ils peinent à avoir des ordinateurs pour les classes. Ils n'ont pas accès à Internet, puisque les ordinateurs sont confinés au laboratoire, et les enseignants et leurs groupes n'y accèdent souvent qu'une ou deux fois par semaine. Et puis, la formation est à peu près inexistante et, surtout, inefficace. A Tlemcen, évoquer le problème, c'est évoquer toute une politique dans ce sillage à mettre en place pour doter l'ensemble des écoles, des CEM et des lycées de cet outil indispensable en ce millénaire. Malheureusement, selon certains enseignants, il faut absolument que tous les enseignants de la wilaya aient leur propre machine. Car, a-t-on ajouté, on ne peut apprendre si on ne possède pas son outil. L'apprentissage exige généralement une grande période d'essai-erreur. Or, si un prof ne peut s'entraîner sur son ordinateur, il ne pourra apprendre à résoudre des problèmes TIC. Parmi les enseignants à Tlemcen, plusieurs ne sauront absolument pas comment utiliser efficacement leur ordinateur. Il s'agit alors de former ces enseignants, car ceux qui possèdent un micro ont beaucoup appris en mode autodidacte. L'informatique dans les écoles est donc nécessaire, et il est temps, comme l'avait affirmé le président de la République, d'introduire cet équipement dans l'éducation, car cela représente un élément clé dans l'évolution d'un pays prêt à participer à la société de l'information. Les établissements d'enseignement peuvent donc jouer un rôle important comme lieu d'accès à Internet. Il importe de doter les écoles des Tic pour les ouvrir au monde. Les responsables du secteur dans la wilaya doivent ainsi frapper fort afin de développer des établissements technologiques ayant des filières Tic ; introduire ces dernières dans les programmes scolaires partout dans les écoles ciblant tous les niveaux avec la formation des enseignants à l'utilisation des Tic, suivie d'une connexion générale de toutes les écoles, lycées, etc. En effet, comme l'avaient souligné deux experts universitaires : «La mondialisation, phénomène irréversible, pousse chacun à en tirer le meilleur parti en participant à l'élaboration des normes régissant cette mondialisation. Le simple citoyen est plus sensible aux attraits des nouveaux instruments mis à sa disposition et des résultats tangibles perçus : information-flux, variété de programmes des médias, usage du computer et accès des enfants à l'Internet. Pour l'homme d'affaires, il doit absolument se mettre à jour et s'intégrer, donc se mettre en réseau, selon ses moyens, dans le système commercial mondial, surtout dans le E-commerce.» Devant cependant le manque de cette technologie dans bon nombre d'écoles, surtout que le siècle est marqué par un développement prodigieux du numérique, et où l'homme moderne est appelé à s'adapter de façon incessante et permanente à ces innombrables transformations et mutations technologiques qui changent incontestablement notre manière de vivre, de penser, de communiquer, de travailler, et même d'appréhender le futur, les responsables doivent fournir assez d'efforts pour que l'Internet envahisse ces édifices éducatifs, inculquer à l'ensemble des écoliers, des lycéens, et des collégiens, les méthodes de cette technologie. F. A. C.
Ces recherches inutiles Dans les établissements scolaires, les élèves sont régulièrement invités à effectuer des recherches via Internet pour leurs exposés. Une problématique qui écarte l'élève du livre, ne lui donnant aucune chance d'élargir son horizon intellectuel. Chacun demande au gérant du cyber de lui préparer une documentation sur le thème donné. Des recherches que l'élève ne lira pas, et qu'il se contentera de remettre au professeur. Pourtant, les établissements scolaires sont dotés de bibliothèque. Cette pratique explique que l'école est encore loin de mener sa politique de lecture et de recherche sur la base d'ouvrages. Internet est, certes, un monde virtuel et le paradis pour ceux qui souhaitent apprendre, améliorer leur culture, découvrir de nouveaux domaines, ou encore communiquer. Malheureusement, on est loin de tout cela. Ceux qui y pénètrent n'ouvrent que les fenêtres de la tchatche, et pénètrent aussi dans un monde peuplé de dangers. Dans ce contexte, notons que peu d'établissements optent pour des recherches depuis des livres. Autrement dit, le reste incite les élèves à préparer leur recherche par Internet, ce qui ne convient pas aux parents, car ces recherches sont coûteuses (entre 50 et 100 dinars). En effet, l'évolution de la technologie est en train de condamner le livre. C'est là l'un des inconvénients d'Internet et de l'informatique, du moment qu'il s'agit d'un outil qui rend l'écolier paresseux, puisque d'un clic il a tout sans comprendre.