Photo : Riad Par M. Gemmill Le football doit rester un jeu, qui apporte des joies et aussi parfois des peines, mais il ne doit pas être un exutoire à toutes les dérives de notre société. Les supporters ont de nouveau sévi, ils sont de nouveau passés à l'acte, brisant tout sur leur passage tel un tsunami. Le football a fait de nouveaux dégâts, des dégâts colossaux de trop. Tant que les dirigeants ne feront pas le nécessaire pour éduquer les spectateurs, le football subira ces actes souvent pas isolés, mais qui le gangrènent en profondeur et le rendent aujourd'hui malsain. Combien de victimes faudra-t-il afin d'éveiller les consciences ? Le football anglais qui est depuis quelques années cité en exemple n'est pas vraiment copié par ses voisins européens, en matière de sécurité. Pourtant, les derbys si chauds auparavant sont devenus plus vivables, plus respirables. Ce n'est plus dans la rue que se joue la victoire, ni au pub, mais bien sur la pelouse à 11 contre 11. Qui n'a pas été impressionné par le respect des supporters de Manchester City qui ont accueilli en silence l'arrivée du bus des joueurs de Man U ? Pas un bruit, pas un sifflement, aucun débordement, dans l'indifférence presque totale et un respect total. Les raisons qui poussent les jeunes à avoir un comportement agressif lors des rencontres de football sont liées, d'abord, à la tricherie et à la corruption dans le milieu footballistique. Elles sont également liées au mauvais arbitrage. Evidemment, les causes sont également à chercher du côté de l'exacerbation du phénomène de chômage et de l'absence de perspectives d'avenir. Il y a lieu de relever aussi le fait que les forces de l'ordre ne savent pas s'y prendre face aux jeunes. D'autres facteurs, comme la mauvaise gestion des clubs et l'inadéquation des infrastructures sportives, sont considérés comme favorisant la violence dans les stades. Cette violence se traduit, généralement, par des actes hostiles à l'encontre des joueurs et des dirigeants du club que les jeunes supportent. Mais, souvent, ce sont les supporters qui sont victimes des violences d'autres supporters. Le sport avant tout est un moyen d'éducation des jeunes. Quiconque refuse la nature collective ne peut prétendre discuter sport. Tout est reniement dans le bon sens. Les priorités se situeront ainsi dans la recherche d'une harmonie plus que jamais efficiente, d'une unité de pensée et d'action encore plus efficace. En sport, mieux vaut ne pas trop se gargariser de mots et ceux de jugement et de parti pris peuvent être trompeurs. Ne serait-il pas préférable de parler de reconstruction et de prise de conscience ? Deux termes qui touchent davantage à la vérité du sport. La recomposition peut surprendre parce qu'il y a rupture de rythme et variété inattendue. Mais à force de voir les accusations de toutes couleurs, les procès des gens à tort et à travers, l'on se demande quel numéro d'illusionnistes et d'acrobates le grand cirque va encore nous réserver dans les jours à venir. Il aurait mieux valu dresser une sorte de constat sur le sport, un constat qui va de l'environnement souvent déficient à la psychologie défaillante, en passant par d'autres faiblesses innées. Il n'est justement pas question d'instruire le procès généralisé du système sportif algérien qui ne le mérite pas, mais il reste constamment inférieur chez la plupart la tentation de négliger la vraie respiration du sport, que ce soit sur le terrain ou dans les bureaux, sur le plan individuel ou sur le plan collectif.