Tout le monde déplore la montée de la violence dans tous les secteurs de la vie quotidienne. Chacun va de sa petite explication quant aux origines et aux causes de ce phénomène qui fait d´un citoyen un loup. Et dans notre pays, plus qu´ailleurs, la violence est omniprésente, du berceau jusqu´au tombeau. Si on élimine le facteur hérédité (nous ne sommes pas si différents de nos voisins maghrébins), faut-il imputer cela aux facteurs sociologiques et historiques qui font bouillir le sang ou alors faut-il le mettre sur le compte de la corruption, de l´inefficacité ou de la lenteur de la machine judiciaire? Il faut dire que la violence est partout: au foyer où la femme, de par son statut, est souvent agressée, dans la rue où les rapports sont réglés selon la vieille loi de la jungle, au travail, sur les routes ou dans les stades. Si sur les routes, cela se traduit par des chiffres ahurissants en matière de pertes en vies humaines ou de dégâts matériels considérables, dans les stades, c´est une violence inexpliquée qui se manifeste sur les gradins bien plus que sur la pelouse. Dans les pays européens, cette violence qui accompagne les matchs de football est souvent mise sur le compte de la consommation de boissons alcoolisées, et elle est combattue par les autorités avec des mesures restrictives qui limitent les excès! Caméras de surveillance, fichage des individus et interdiction d´entrée aux supporters récidivistes, sans compter les fouilles au corps et un dispositif policier très consistant. Cela n´a pas empêché des délinquants serbes de battre à mort un supporter français à Belgrade. Mais là, la justice a aussitôt réagi par l´interpellation de onze suspects filmés lors de l´agression. Et tout le monde s´attend à un procès exemplaire. Mais l´application de la loi suffit-elle pour éradiquer cet esprit qui nuit tellement au sport? On est en droit de s´interroger sur les futures dispositions qui seront proposées par le département de Hachemi Djiar pour lutter contre la violence dans les stades. Les dispositifs policier et judiciaire seront-ils suffisants pour juguler ce phénomène? N´y a-t-il pas un travail pédagogique à faire plus en amont pour inculquer aux jeunes gens les notions de civisme, de tolérance et de pacifisme? La famille, l´école, la mosquée et la télévision jouent-elles le rôle qui leur est dévolu dans l´éducation des générations? Pourquoi un match de football (ce phénomène n´est perceptible que dans le sport-roi) provoque-t-il des rixes entre supporters, des affrontements entre quartiers ou entre villes? Est-ce une survivance de l´esprit tribal qui n´a pas encore disparu dans les relations entre citoyens? Cela peut prêter à sourire quand on pense que deux Etats d´Amérique centrale ont sorti leurs chars à l´occasion d´un derby! Cela prouve que politique et sport sont intimement mêlés, et que les pouvoirs politiques préfèrent que «leurs citoyens» (ou sujets) se mobilisent plus pour la défense de leur cocarde que pour la satisfaction de leurs besoins essentiels légitimes. Le football, c´est un peu l´opium du peuple.