Synthèse de Abdelkrim Ghezali Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, a salué hier à Nouakchott le retour à l'ordre constitutionnel au Mali et plaidé pour la mise en place d'un séquentiel qui s'articule autour du rétablissement «rapide et inconditionnel» d'une direction politique «légitime et forte» dans ce pays. Intervenant à l'ouverture des travaux de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du Champ (Algérie-Mali-Niger-Mauritanie), M. Messahel a mis en exergue la nécessité pour cette direction politique d'être capable de négocier la cessation des hostilités et le lancement de négociations entre Maliens pour dégager une solution politique durable. Pour le ministre, la situation au Mali «comporte malheureusement plusieurs types de menaces et de facteurs de risque, qui se superposent et parfois s'autoalimentent, à savoir une crise politique et institutionnelle, affaiblissement des structures de l'Etat et dysfonctionnement du processus de prise de décision à l'échelle nationale, affaissement de l'armée, perte de contrôle d'une grande partie du territoire, discours sécessionniste, terrorisme et crime transnational organisé et situation d'urgence alimentaire et humanitaire». Il a fait remarquer que, face aux développements survenus au Mali, les gouvernements des pays du Champ ont exprimé des positions similaires appelant à la restauration rapide et effective de l'ordre constitutionnel, la cessation des hostilités et le recours aux négociations «pour parvenir à une solution politique durable à la crise que connaît ce pays frère». «De notre point de vue, la situation au Mali appelle de notre part une détermination sans faille sur les questions cruciales de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale du Mali, du terrorisme et du crime transnational organisé et la recherche d'une solution politique par le dialogue et la négociation», a-t-il ajouté. «Ces trois principes doivent continuer de présider à notre perception de la situation au Mali et l'action qu'elle appelle de notre part», a insisté M. Messahel. S'agissant de la situation qui prévaut au Nord du Mali, le ministre a estimé que la solution qu'il conviendrait d'apporter à ce problème «ne peut être que politique» et «ne peut être le fruit d'un effort militaire qui pourrait aggraver davantage une situation fragile et bien complexe». «Elle (la solution) doit également tenir dûment et pleinement compte des revendications visant la promotion des droits des populations du nord à une vie meilleure et à un rôle substantiel dans le processus de prise de décision à l'échelle régionale et nationale, la préservation de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale du Mali et des traditions et des règles sociales authentiques à la région (...).», a précisé M. Messahel. Evoquant la déclaration d'indépendance de l'Azawad, proclamée par un groupe touareg, il a souligné qu'elle est «sans effet» et «est naturellement frappée de nullité», car, a-t-il expliqué, la pratique du fait accompli «ne saurait être acceptée de même que les intentions d'imposer par le recours aux armes des idéologies ou des croyances sont inacceptables et ne peuvent être justifiées». Par ailleurs, Messahel a affirmé que «quelle que soit la gravité des événements en cours au Mali, elle ne peut détourner notre attention de la véritable menace que sont le terrorisme et le crime transnational organisé», qui demeurent, selon lui, «la priorité de l'action de nos Etats en vue de leur éradication totale». «Notre détermination à assumer nos responsabilités nationales et régionales dans la lutte contre ces fléaux reste sans faille. Notre stratégie régionale continuera d'être conduite pour la réalisation de cet objectif, et la coopération que nous avons initiée avec nos partenaires doit se renforcer et se compléter dans le cadre de la lutte régionale et internationale contre le terrorisme et ses connexions», a réaffirmé le ministre. Il a invité les pays du Champ à travailler ensemble «pour dégager une nouvelle approche commune où nous conjuguerons nos efforts et nos capacités pour, d'une part, accompagner le Mali voisin à surmonter cette crise et d'autre part, préserver la sécurité de nos pays et celle de notre sous-région». Enfin, M. Messahel a exprimé les remerciements de l'Algérie aux pays participant à cette réunion pour les marques de solidarité manifestées suite à l'enlèvement du personnel du consulat à Gao «dont la libération est une priorité et une exigence pour laquelle œuvrent de manière résolue toutes les institutions de l'Etat algérien», a-t-il réaffirmé.