Le président déchu par un coup d'Etat, Amadou Toumani Touré (ATT), a formellement démissionné de la présidence du Mali, dimanche dernier. Dans une brève intervention à la télévision malienne, ATT dit avoir démissionné «sans pression, de bonne foi et pour l'amour au Mali». Cette démission ouvre la voie au retour à une vie constitutionnelle normale, en application de l'accord-cadre signé samedi dernier entre les putschistes et les représentants de la Cédéao. L'accord prévoit que le président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, assure l'intérim de la présidence de la République jusqu'à la tenue des élections présidentielle et législatives, à une date non encore précisée. Dioncounda Traoré a rencontré hier le capitaine Amadou Sanogo, le chef de la junte qui s'est vu, comme ses compagnons, offrir l'amnistie dans le cadre de l'accord-cadre. A l'issue de l'entretien, qui a duré environ une heure, le chef de la junte a déclaré : «ça s'est bien passé, vous serez informés de la suite en temps réel.» La précipitation des événements au Mali est déconcertante à plus d'un titre. Le président évincé a accepté «sans pressions» de formaliser son départ en démissionnant. Mieux encore, il a appelé son successeur pour lui souhaiter bon courage pour sa mission. La junte militaire, qui a fait un coup d'Etat pour «remédier» au laxisme d'ATT face à la rébellion, a «cédé» le Nord-Mali à cette dernière. A quoi donc a servi ce coup de force ? Le coup d'Etat a précipité la crise au Nord-Mali qui reste à résoudre. Aujourd'hui, une intervention militaire ouest-africaine contre les rebelles touareg et les groupes terroristes qui contrôlent la région de l'Azawad est incertaine. Selon certaines sources, la mission reste à préciser, les moyens manquent et certains pays africains se réservent. Au même moment, la situation se complique encore plus au Nord-Mali avec la naissance d'un nouveau groupe armé dénommé Front de libération nationale de l'Azawad (Flna), qui revendique 500 éléments (composés quasi exclusivement d'Arabes de la région de Tombouctou). La France a proposé son aide, une manière de s'inviter à intervenir dans la région. Chose qu'Alger, qui n'a toujours aucune nouvelle de ses sept diplomates kidnappés à Gao, refuse catégoriquement. Seule solution peut-être : accepter la proposition du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) qui a offert de combattre les groupes armés mais non sans contrepartie. Le Mnla et le nouveau Flna pourraient être des alliés très précieux pour se débarrasser d'Aqmi, d'Ansar Eddine et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Mais il faudrait payer le prix politique fort : accorder aux rebelles Touareg une autonomie. H. Y.
Le Flaa des Touareg et des Toubous du Niger est né Dimanche dernier, le Front de libération de l'Aïr et de l'Azawad (FLAA), est proclamé par des combattants issus de la résistance Touareg et Toubou au Niger : «En réponse à l'ingérence du Niger dans la crise malienne et aux propos injurieux tenus par le ministre des Affaires étrangères de ce pays.» le SG du Flaa souligne aussi la participation du Niger à la Cédéao pour combattre le mouvement légitime des populations de l'Azawad. Le mouvement se dit prêt «à une intervention à n'importe quel moment aux côtés du Mnla pour protéger son territoire historique face aux colons et prédateurs islamiques». Le Flaa dit compter environ 2000 ex-combattants avec tout l'équipement nécessaire pour faire face à la Cédéao et au Niger.