Photo : Riad Par Karima Mokrani Les enseignants du secondaire ont réussi l'exploit de faire réviser leur statut particulier par le gouvernement, alors que ce dernier l'a amendé de manière presque définitive en 2010, refusant, à l'époque, d'y apporter le moindre changement. Le nouveau statut, remplaçant celui de 2008, rejeté par la corporation, contenait encore des anomalies. Il fallait donc le revoir une deuxième fois, selon les enseignants. «Après une étude comparative avec les autres secteurs de la Fonction publique, nous avons relevé des anomalies. Nous avons alors appelé à les corriger en procédant à une nouvelle révision du statut», rappelle Nouar Larbi, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Déterminés à faire aboutir leurs revendications, les syndicats du secteur se sont lancés dans la bataille, chacun à sa manière, sans trop croire en un changement profond de la mouture initiale. L'été dernier, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est intervenu en personne sur la question, ordonnant au ministre, Boubekeur Benbouzid, de rouvrir le dossier. Depuis, au moins 29 réunions ont eu lieu entre les syndicats et les représentants du département ministériel, dans le cadre de ce qu'ils appellent la commission ad hoc, comportant aussi des représentants du ministère des Finances et d'autres de la Fonction publique. Mardi dernier, le Cnapest a enclenché une grève dans les établissements du secondaire de tout le pays, menaçant de la faire durer aussi longtemps que durera le traitement du dossier du statut. Dimanche et lundi, le SG du ministère s'est réuni avec le syndicat et a donné des garanties officielles pour procéder à des changements importants dans le contenu de la mouture. Celle-ci devra être présentée au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dans un avenir proche, pour promulgation. Lundi soir, le Cnapest annonce la suspension de son mouvement de grève et appelle à une reprise des cours à partir d'hier. Le syndicat est confiant : «Nous avons arraché des acquis.» La première revendication satisfaite porte sur le calcul de l'ancienneté : «Ce sera fait à partir du premier jour de l'exercice de l'activité de l'enseignant et non pas de la titularisation.» Autre acquis, l'intégration : «Les professeurs d'enseignement secondaire (PES) passent au grade de PES principal au bout de dix ans d'exercice et à celui de PES formateur au bout de vingt ans.» Ceci, sans concours ni autre condition. A la différence que, les enseignants ingénieurs bénéficieront d'un petit avantage : «Ce sera 18 ans au lieu de 20 ans pour les enseignants ingénieurs.» Pour rappel, dans l'ancien statut de 2008, ces derniers étaient à la classe 16-01 et les PES à la classe 15-03. Le statut de 2010 les a dégradés-en quelque sorte- puisqu'ils se sont retrouvés à la classe 13 au même titre que les PES. Une autre modification apparaît dans la nouvelle mouture. Elle concerne les promotions aux grades supérieurs (PES principal et PES formateur). Celles-ci se faisaient principalement sur la base d'un concours après 5 ans de travail, pour 80% des candidats. Les 20% restants sont désignés en fonction de la liste d'aptitude (l'évaluation par l'inspecteur en cours d'année). Désormais, «ce sera 50% sur la base du concours et 50% selon la liste d'aptitude». Pour les enseignants du Sud, la prime de zone sera aussi calculée sur la base du nouveau salaire de base et non pas de l'ancien. Chose qu'ils revendiquaient depuis des années. Voici, entre autres, ce qui est décidé dans la nouvelle mouture du statut particulier des travailleurs de l'éducation. Le Cnapest en est globalement satisfait. Les autres syndicats ne se sont pas encore prononcés sur la question. Pour le moment, ceci importe peu car le grand problème réside dans le rattrapage des cours ratés durant les jours de grève. «Officiellement, l'arrêt de cours aura lieu le 30 avril prochain. L'examen blanc du baccalauréat aura lieu 15 jours après. Nous verrons comment exploiter cette période pour le rattrapage des cours. Ce ne sera pas un problème pour les enseignants», dira Nouar Larbi. Ce ne sera pas un problème pour les enseignants mais ça l'est pour les élèves et leurs parents, trop lassés et indignés par ces mouvements de grève à répétition.