Photo : Riad Par Karima Mokrani Les greffiers et les corps communs du secteur de la justice ne lâchent pas prise. Ils reviennent à la charge et brandissent la menace de nouvelles grèves à un moment où les pouvoirs publics, engagés dans un scrutin législatif décisif, ont plus besoin de leurs services. Ainsi, après la grève de trois jours, observée les 10, 11 et 12 avril derniers, la corporation se mobilise pour une autre, relativement plus longue mais aussi plus dure. Une grève de cinq jours à compter de demain, et sans assurer le service minimum. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, la Fédération nationale des fonctionnaires de la justice, affiliée au Snapap (Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique) rapporte qu'une réunion extraordinaire de son conseil national s'est tenue à Alger, jeudi 19 avril. Les discussions ont porté sur le sit-in observé devant le siège du ministère de tutelle et qui a rassemblé au moins 1 000 greffiers et autres travailleurs du secteur : «1 000 fonctionnaires étaient présents au rendez-vous. Ils sont restés debout, devant le siège du ministère de la Justice, de 9h jusqu'à 13 heures. Les manifestants ont réussi à accéder à l'entrée du département ministériel malgré l'importance du dispositif sécuritaire déployé sur place.» Malheureusement, poursuivent les représentants de la corporation en colère, «contrairement à nos attentes, les portes du ministère sont restées fermées devant nous». Constatant l'entêtement des services du ministère de tutelle à considérer à nouveau leurs doléances, les greffiers et autres fonctionnaires du secteur de la justice décident de reconduire le mouvement de grève, voire le durcir, dans l'espoir de faire fléchir les responsables en charge du dossier. La nouvelle menace est à prendre très au sérieux surtout qu'elle coïncide avec la préparation des législatives du 10 mai prochain. Un événement qualifié de très important pour tout le pays et dont la réussite dépend, en grande partie, du travail de la Commission nationale de supervision du vote. Celle-ci composée essentiellement de magistrats qui, dans l'exercice de leur mission, doivent faire appel, à leur tour, à des greffiers. Sans compter les conséquences directes d'un tel débrayage sur les audiences dans les tribunaux, les tribunaux administratifs, les cours… Dans une tentative de casser le mouvement, le ministère a fait appel à des huissiers de justice, «chèrement payés» pour assurer le travail des greffiers. Une manœuvre dénoncée avec force par les grévistes mais aussi par les avocats qui sont d'ailleurs solidaires avec les greffiers.