C'est sur la Toile et à travers le Forum des greffiers algériens que la nécessité voire l'urgence d'une action de protestation a été mûrement réfléchie puis lancée. La révolte des jeunes Egyptiens qui a prouvé la réussite totale de la protestation qui commence par un simple clic a, semble-t-il, fait des émules. Le ministère de la Justice a sommé, jeudi dernier, les greffiers de mettre fin à leur mouvement de grève déclenché la veille. Une note, adressée aux différentes cours et tribunaux y relevant, a été lue aux grévistes, regroupés à l'entrée de ces institutions judiciaires, par les procureurs de la République. C'est du moins ce qui s'est passé jeudi au tribunal d'El-Harrach. Selon l'un des greffiers, la tutelle a tenté de les intimider pour les inciter à suspendre leur action. “Vous assumerez vos responsabilités et vous vous exposerez à des sanctions disciplinaires”, dit le document de la tutelle. Une menace qui est tombée dans l'oreille d'un sourd puisque les grévistes sont restés imperturbables et ont refusé d'abdiquer aux injonctions de leur département de tutelle. Première conséquence : tous les procès prévus jeudi dernier ont été reportés et les cours et tribunaux ont été désertés. C'est décidé, les greffiers sortent leurs griffes et ne comptent pas faire marche arrière mais prévoient de maintenir la pression jusqu'à satisfaction de leur plate-forme de revendications socioprofessionnelles. Il faut dire que l'action de protestation déclenchée mercredi dernier par les greffiers à travers, pratiquement, tout le territoire national, était inattendue. Cette grève surprise a été aussi très particulière. En règle générale et conformément à la législation en vigueur, les grèves se discutent et se décident au sein de syndicats ou d'un groupe de représentants des protestataires. Ce ne fut, toutefois, pas le cas pour le débrayage des greffiers puisqu'aucune organisation, pas même le syndicat largement contesté, ne peut revendiquer la paternité de cette protestation. C'est sur la Toile et à travers le Forum des greffiers algériens que la nécessité voire l'urgence d'une action de protestation a été mûrement réfléchie puis lancée sur le terrain. La révolte des jeunes Egyptiens qui a prouvé la réussite totale des révoltes qui commencent par un simple clic, a semble-t-il, fait des émules. Le Forum des greffiers algériens a eu un large écho et nombreuses étaient les propositions d'aller vers une contestation concrète. Les greffiers membres de ce forum étaient unanimes à dire que seule la contestation pouvait aboutir aux changements tant réclamés. D'autant que le Syndicat des greffiers ne jouit nullement de la sympathie des fonctionnaires du secteur de la justice. Les membres de ce dernier “sont accusés d'être à la solde du ministère de la Justice qui les a triés sur le volet pour avoir la mainmise sur les greffiers”, révèle un greffier. Il faut savoir, à ce propos d'ailleurs, que la dissolution de ce syndicat est l'une des demandes contenues dans la plate-forme des greffiers. La principale revendication des greffiers est leur rattachement au ministère de tutelle et non à la Fonction publique. Les greffiers exigent également plus de considération car “nous sommes des fonctionnaires du ministère de la Justice et non des robots au service des juges”. Ils réclament aussi le paiement des heures supplémentaires, l'adoption du régime indemnitaire et la possibilité de prendre le congé annuel durant toute l'année. “Nous sommes les fonctionnaires les plus lésés du secteur et il est temps que justice soit faite”, clament les grévistes dont ne peuvent se passer les institutions judiciaires.