A la veille d'échéances fortement attendues par les appareils partisans, les citoyens sont toujours dans l'attente que ces mêmes appareils se mettent à l'ouvrage, expliquent la portée des amendements éventuels de la Constitution et leurs apports à la vie nationale. Ce qui est le minimum attendu des formations politiques qui soutiennent un troisième mandat qui serait demandé par M. Bouteflika. Pour le moment, la scène politique est presque exclusivement occupée par le gouvernement qui est dans son rôle de gestionnaire de la sphère économique, culturelle, sociale, sportive… De bonnes décisions sont prises en ces temps où le monde traverse de sérieuses turbulences financière, économique, sociale et même guerrière dans certains coins chauds du globe. Des décisions positives dans l'esprit d'un patriotisme économique. L'interdiction faite par le gouvernement de M. Ouyahia quant à l'importation de médicaments «produits dans le pays», est à saluer sans équivoque aucune. Avec près de 1,5 milliard d'importations dans ce secteur d'une importance stratégique indiscutable, il s'agit là d'arrêter d'abord une hémorragie qui n'a que trop handicapé le pays. Le deuxième impact d'une sage décision est de remettre en selle l'industrie nationale dans le domaine, en trouvant les meilleurs mécanismes et les facilitations pertinentes au profit des industriels locaux. Le résultat serait de mettre à leur juste place ces investissements étrangers qui se sont avérés trop peu nombreux et surtout avides de retombées faciles et rapides. La production a été remplacée par le «conditionnement». Dans tous les sens, une simple mise en boîte ! «Le marché algérien intéresse les étrangers.» Cette litanie déclinée à satiété comme une formule magique a perdu toute sa… magie depuis le fameux discours du président de la République. L'investisseur étranger n'a aucune affinité particulière pour le marché algérien. Il n'a d'intérêt que pour n'importe quel pays rentable. Or, le privé national est le premier à dénoncer la bureaucratie, l'archaïsme et l'administration qui refuse jusqu'aux chèques pour certains paiements, et les méandres du système bancaire comparé à celui de pays proches et équivalents. La décision courageuse relative au médicament met sur le tapis les relations futures avec l'OMC, surtout s'i est pris en compte comment des gouvernements libéraux, défenseurs d'un libre marché international, sont intervenus et interviennent pour sauver les banques, des PME/PMI, des épargnes, une paix sociale, alors qu'il s'agit de puissants secteurs privés censés ne dépendre que du marché et d'une souple régulation étatique. Parallèlement, les turbulences durables du pétrole ont démontré de forts consensus nationaux à l'intérieur des pays industrialisés face à l'OPEP accusée de tous les péchés du monde. Ces consensus, à l'image de celui construit en France pour l'environnement et le développement durable, doivent être étudiés ici. Or certaines cacophonies à répétition ne sont d'aucune utilité à une époque où les égoïsmes nationaux redoublent de férocité. Impliquer une justice sportive internationale dans un match algéro-algérien ou interdire un livre en dehors d'une décision de justice n'offre pas la meilleure image du pays. Les batailles du médicament, de l'eau, du logement, des énergies alternatives, des industries culturelles de masse, de la santé pour tous, l'investissement lourd dans la recherche scientifique et la domestication de la connaissance, de la révolution numérique sont trop importants pour être parasités par des épiphénomènes plus que secondaires. La crise actuelle qui voit de grandes puissances revenir à des rôles soustraits à la puissance autorise, si elle est appréhendée comme opportunité, à aller à une phase qualitative. Cette dernière, sans aucun doute, aura devant elle de puissants groupes de pression devenus adultes et musclés par la rente, l'informel, l'évasion fiscale, la corruption, et des connivences avérées avec des lobbies transnationaux. Le drame inqualifiable déclenché à l'été 1991, qui a fait des dizaines de milliers de morts, des dégâts énormes, des déchirements familiaux a vu ses principaux acteurs évacués, plus ou moins, de la scène politique. Des courants identifiés d'une stratégie sans nom travaillent encore dans l'espace public pour récupérer ce qui n'a pu être pris par la force et par le terrorisme durant la décennie rouge. Les mécanismes enclenchés pour le dépassement de clivages mortels n'ont pas connu le débat nécessaire, un consensus minima et des décisions politiques fédératrices autour de tous les versants patriotiques et démocratiques pour passer rapidement à une vitesse supérieure pour des réformes incontournables. Il n'est pas du tout trop tard pour impliquer les Algériens, surtout les jeunes et les cadres dont la compétence est pourtant reconnue à l'étranger et ici même par des expertises non algérienne. C'est le moment car le prix du baril recule et chaque pays ne peut compter que sur ses ressources humaines, son génie propre, ses institutions avant les autres et la créativité de sa jeunesse. Il faut donc «retrousser ses manches» à commencer par l'étude du trop grand nombre de jours fériés, de «ponts» indus et la faible productivité dans l'administration et le secteur public en contrepartie d'une requalification des salaires de ceux qui éduquent, forment et fournissent de vrais efforts et sacrifices dans l'intérêt général. Ce sera difficile, complexe mais assurément courageux et gage d'un avenir meilleur. A. B.