L'impact de la crise financière qui secoue le monde sur la planète foot peut se vérifier au niveau des Bourses de Madrid et de Londres. Le message émanant des deux grandes villes du football indique à lui seul la panique dans laquelle s'est retrouvé le sport d'une manière globale et le football très particulièrement. Pas de place pour la surprise : au centre et dans la périphérie du football, la circulation est dominée par les puissances de l'argent. Le club madrilène vient en effet d'abandonner son marché du siècle qui consistait à recruter le futur meilleur joueur du monde, le Portugais Cristiano Ronaldo. Il n'y a pas si longtemps, le club royal faisait de l'arrivée de Ronaldo chez les Merengues une affaire de souveraineté. Le renoncement a été annoncé par le président du club, Ramon Calderon, qui estime qu'il est temps d'effacer le rêve de voir le Lusitanien fouler le rectangle de Santiago Bernabau. Même si le Calderon évoquait à satiété l'utilité de maintenir de bonnes relations avec les Reds, il est clair que le Real ne pouvait pas s'engager dans une opération financièrement importante au moment où l'avenir proche de toutes les entreprises, y compris les associations, est des plus incertains. «Manchester n'a pas voulu le vendre ces trois ou quatre derniers mois. Nous ne voulons pas entrer en conflit avec l'un des plus gros clubs de la planète, a poursuivi le dirigeant. Nul ne peut savoir ce qui peut arriver. Toujours est-il que le Real Madrid veut avoir de bonnes relations avec Manchester. Nous ne voulons pas les déranger en leur faisant signer quelque chose qu'ils ne veulent pas. Nous savons qu'il n'est pas facile de recruter des joueurs de grands clubs en milieu de saison», a ajouté Ramon Calderon, en faisant référence à de possibles relances envers Manchester et Ronaldo pendant le mercato d'hiver. «Nous n'embaucherons plus de joueurs, sauf en cas de blessure sérieuse d'un des nôtres», lance-t-il. La crise s'est installée dans le siège du Real. Et si à Madrid, la crise a amorti la vitesse de l'investissement et des dépenses, la température est autre du côté de Londres où la présidente des jeux Olympiques de 2012 invite les gens à patienter quatre ans pour surmonter la crise. Pour elle, «les jeux Olympiques de Londres en 2012 sont de l'or pour l'économie. Les Jeux de Londres en 2012 sont de l'or pour l'économie en ces temps de difficultés». Alors que les spécialistes des questions financières et boursières n'arrivent à cerner ni les causes ni les conséquences du crash, Tessa Jowell ne s'inquiète pas outre mesure. L'essentiel pour les Anglais étant la réussite des futurs JO. Nous sommes bien dans le jardin du flegme britannique. Il n'y a plus de raison néanmoins d'hiberner quatre longues années pour vérifier les prophéties de Jowell. Il s'agit de trancher toutes ses questions qui, manifestement, bouleversent toute la planète du sport. La présente crise doit inciter les instances et les responsables à mieux réorienter la discipline pour qu'elle puisse accomplir sa mission sociétale. L'objectif serait d'éviter que la balle ronde soit entachée de corruption, de dopage, de violence et de racisme. Pour espérer voir le respect des valeurs dominer le monde du football, il faudrait ramener l'argent à son juste sens. Sans glisser dans un anticapitalisme primaire, on est appelé à admettre que le marché, l'argent et l'absence de règles instaurent naturellement la loi du plus fort. La crise économique peut être une étape pour rééquilibrer le monde du foot. L'histoire oriente néanmoins vers le contraire : même dans un contexte de déprime, l'opium des peuples continuera de tourner à plein régime. A. Y.