Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili
Eu égard aux résultats, le Front de libération nationale avec la moitié des sièges (6) est assuré donc de demeurer la première force politique à Constantine. Contredite de bonne guerre, par l'ensemble des responsables des formations qui ont participé à l'événement du 10 mai, cette réalité est, à sa manière, recoupée par un cadre du doyen des partis qui considère que «le FLN a profité du formidable élan populaire qui a conduit des milliers d'électeurs à la réconciliation avec les urnes comparativement à 2002 et 2007. Cette masse d'électeurs et de nouveaux électeurs s'est incontestablement prononcée en notre faveur». Enchaînant, notre interlocuteur reste persuadé de «l'évidence de cet apport de suffrages conséquents, même s'il n'est pas le fait d'une adhésion militante, mais plus à mettre sur le compte du choix spontanément consistant, aux yeux de ces électeurs, à opter pour l'assurance et la stabilité. Ils ont donc et avec sagesse, d'autorité, évacué toute idée d'aller vers l'inconnu en recourant à un vote sanction au profit de n'importe quel autre parti et plus particulièrement pour cette kyrielle de formations nées quelques semaines avant les élections».Quoiqu'assuré, ce succès semblait prendre ses contours alors même qu'étaient ouverts les centres de vote eu égard au brainstorming entamé concomitamment dans les locaux du parti par le mouhafedh, ses collaborateurs et les candidats. M. A. Habchi, très confiant n'affichait aucune inquiétude jusqu'à mettre sur le compte de la simple confusion «la présence de deux urnes non numérotées dans un centre de la cité Boudraâ. Informé, le chef de centre a tout de suite normalisé la situation». La circonspection était plutôt du côté de la formation d'El-Adala (2 sièges), rapidement encline à douter de la probité des opérations et pour cause : «Le rognage de sa liste au profit d'élus d'autres formations» soulignent les anciens d'Ennahda et El-Islah restés fidèles à Djaballah. Cette inquiétude avait des raisons d'être justifiée, compte tenu de l'engouement mitigé de la population constantinoise à se déplacer vers les bureaux de vote, mais également et toujours aux risques de fraude à laquelle «restait exposé notre parti» nous dira le secrétaire de wilaya d'El-Adala. Il ajoutera «au moment où nous parlons, L. Benkhalef tête de liste de notre parti est dans un centre de vote à la cité Boussouf où une tentative de bourrage d'urne a avorté. Cet acte est le fait de la chef de centre». L. Benkhalef, tête de liste d'El-Adala et membre de la Cnsel supervisait le déroulement des opérations à Constantine. D'ailleurs à la connaissance des résultats auxquels il ne s'attendait pas, il nous dira au téléphone après connaissance des résultats préliminaires : «Le logiciel chargé de déterminer les résultats a été trafiqué. Le coefficient de détermination des suffrages a été multiplié par trois au profit du FLN. Nous n'avons eu de cesse d'avertir les parties concernées et notamment les observateurs étrangers sur ce qui allait se passer. Une grande partie des voix qui est allée au FLN est la nôtre en réalité.» De son côté, le RND serait-il une force tranquille ignorée, tant il y a quand même matière à étonnement sur la nette sérénité, à la limite du détachement, affichée par ses cadres locaux au moment où le vote se déroulait. A hauteur de son siège, force était de prime abord de déduire et/ou même d'affirmer que ces derniers étaient bien loin d'avoir pour préoccupation essentielle l'avenir d'un parti intimement lié à l'événement du jour. Raison ? Ils étaient plutôt affairés à la gestion des sandwichs au profit des jeunes envoyés aux nouvelles dans les centres de vote. Et son score (2 sièges) vient superbement et étonnamment contredire toute autre vérité sinon ébranler sérieusement toute logique, sachant que même ses militants ne croyaient pas en une telle issue.Le Parti des travailleurs avec deux sièges aurait pu mieux faire mais a sans doute essuyé le rejet épidermique par les travailleurs du secteur économique des candidats au charisme au ras des pâquerettes. Le PT doit certainement son succès au vote féminin.La logique aura sans doute été respectée avec le laminage des trois autres partis islamistes réunis au sein de l'Alliance verte. En n'arrivant pas à faire passer aucun candidat, les trois partis ont confirmé ce que La Tribune a toujours soutenu, à savoir le risque d'une extinction annoncée depuis deux ou trois années pour le MSP tant il est vrai que des Ennahda et El-Islah il ne reste que le sigle depuis une décennie.Concluons enfin sur l'énorme désordre qui a prévalu en raison de la mauvaise organisation dans la majorité des centres de vote, soulignons également l'absence quasi-générale des représentants des partis chargés de suivre et surtout de surveiller la conformité des opérations. Quoiqu'il en soit, si les résultats finaux ne sont que le reflet de l'expression populaire, il faudrait quand même souligner que la répartition des voix au cours du dépouillement est, elle, bien loin de refléter cette réalité. Même si l'influence est minime parce qu'elle ne concerne que les formations lilliputiennes.