Nos villes sont devenues des marchés à ciel ouvert. Depuis maintenant une vingtaine d'années, le marché informel est devenu un véritable phénomène de société. Et le ministre du Commerce, Hachemi Djaaboub, l'a rappelé, hier, devant l'Union des commerçants. Il a promis «des mesures». Il avait déjà abordé le même sujet, il y a quelques mois, mais avec un autre accent que celui employé hier. D'autres dirigeants, occupant des postes parfois stratégiques, l'ont fait après lui et avant lui. Mais de qui s'agit-il au juste ? Tout le monde, en effet, fait le même constat. Tout le monde s'accorde à dire que le marché informel –qui rentre dans le cercle vicieux de l'économie informelle- porte atteinte, et de manière grave, à l'économie nationale. Même l'environnement est affecté par cette situation. Mais a-t-on proposé des solutions ? A-t-on réfléchi à une véritable sortie de secours ? Au-delà des questions que se posent les citoyens et les observateurs, le constat est là : le commerce informel a le vent en poupe. Il faut voir les artères des grandes villes du pays pour s'en rendre compte. Des commerçants, sans registre du commerce ni autre document officiel, travaillent à ciel ouvert. Ils se permettent même le luxe de bomber le torse en exerçant devant des commerces qui, eux, remplissent toutes les dispositions légales. Le simple citoyen perd le nord et conclut à une impuissance de l'Etat. Comment, en fait, ne pas conclure à la démission des pouvoirs publics quand de simples trabendistes étalent leurs marchandises à même le sol au vu et au su de tout le monde, à commencer par les services de l'Etat. Mais si le simple vendeur à la sauvette ne trouve, dans ce décors kafkaïen, qu'un moyen de subvenir à ses besoins, le mal est certainement ailleurs. Le mal, le vrai celui-là, est du côté des grands trafiquants qui se permettent le luxe de traverser les frontières –y compris maritimes et aériennes- sans être inquiété. Pis, des produits prohibés passent aussi facilement qu'un cahier d'écolier dans nos ports. Autant dire que le problème est complexe. Il est tellement complexe qu'il devient une véritable menace. Une menace qui n'est pas économique. Mais il est établi que là où l'argent sale tourne, d'autres maux ne sont pas aussi loin. Le terrorisme, la drogue, la grande criminalité et d'autres hydres ne sont-ils pas financés par ces circuits qui échappent à toutes les lois ? Il est donc temps de prendre de véritables mesures –et c'est possible- pour tenter de tuer le mal à la racine. Parce que le jour où le grand mal arrivera, les mots ne serviront qu'à faire verser des larmes. A. B.