De nouvelles manifestations de l'opposition ont eu lieu hier, à travers toute la Syrie, au lendemain d'un double-attentat à la voiture piégée qui a dévasté un quartier de Damas et qui a fait 55 morts et plus de 370 blessés, selon un bilan officiel. Des sources de l'opposition syrienne ont affirmé que des milliers de civils sont sortis dans la rue, pour manifester contre le régime de Damas, qui accuse l'opposition armée d'être derrière ce drame, ce que l'opposition nie, en parlant d'un acte commis par Al-Assad pour se maintenir au pouvoir, après quatorze mois de contestation populaire. Les deux parties se rejettent, en fait, la responsabilité du plus meurtrier attentat dans le pays. Pourtant, un cessez-le-feu a été décrété depuis le 12 avril et une mission de l'ONU est présente en Syrie, pour faire appliquer le plan de Kofi Annan, l'ancien secrétaire général de l'Organisation des nations unies. La communauté internationale craint, en fait, que la Syrie sombre dans une guerre civile, avec le viol constant du cessez-le-feu et la multiplication des attentats à Damas et dans d'autres villes du pays. Le chef des observateurs de l'ONU, le Norvégien Robert Mood s'est rendu sur les lieux du double attentat pour demander, une nouvelle fois, «à tout le monde, en Syrie et à l'extérieur, d'aider à stopper les violences», qui ont fait plusieurs centaines de morts depuis mars 2011. Le régime de Bachar Al-Assad crie au complot contre son pays. Il a qualifié l'opposition qui a pris les armes de «terroriste», qui se fait financer par l'«étranger» pour renverser son régime, sur la sellette depuis des mois. La Syrie est sous le coup de sanctions diplomatiques et économiques internationales, même si elle est assurée du soutien de la Russie et de la Chine, qui rejettent toutes les résolutions proposées contre Damas. La répression féroce du régime contre les manifestants n'a pas cessé, même durant la journée d'hier, au cours de laquelle les troupes armées ont tiré et blessé plusieurs civils, à Damas et dans d'autres villes du pays. «Parallèlement, l'Union européenne a décidé de voter, pour ce lundi, de nouvelles sanctions, afin de mettre davantage de pressions diplomatiques sur Al-Assad», ont rapporté les médias européens. «Il y a un accord de principe entre les ambassadeurs des 27 pays de l'UE pour ce quinzième train de sanctions, depuis le début de la répression de l'opposition, il y a plus d'un an», a indiqué un diplomate de l'UE à Bruxelles. Pour rappel, 938 personnes, dont 662 civils, ont péri dans les violences, depuis la trêve, entrée techniquement en vigueur le 12 juillet, selon le bilan fourni par l'Organisation syrienne des droits de l'homme (Osdh), qui constitue une des rares sources d'information et la voix portante de l'opposition à l'étranger. Hier après-midi, le Conseil de sécurité de l'ONU a réitéré son appel au régime et à l'opposition, pour «la cessation de toute forme de violence armée», conformément au plan de Kofi Annan, qui prévoit un cessez-le-feu et un retrait de l'armée des villes. Mais cet appel semble être tombé dans l'oreille d'un sourd, vue la poursuite des violences, qui risque d'entraîner le pays dans une guerre civile. Ces violences ont fait plus de 12 000 morts depuis mars 2011, en grande majorité des civils, tués dans la répression, selon différentes sources. L. M.