La situation entre les deux Soudan demeure tendue malgré la trêve observée depuis une semaine par Khartoum et Juba, en attendant une reprise rapide des pourparlers, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies (ONU) et de l'Union africaine (UA). D'ailleurs, le médiateur de l'UA, Thabo Mbeki est arrivé jeudi dernier à Khartoum pour tenter de convaincre le gouvernement à reprendre langue avec son homologue du Sud. Les discussions sont suspendues depuis les affrontements qui ont eu lieu la mi-avril à la frontière entre les deux Etats, notamment autour de la zone pétrolifère de Heglig. Les combats ont fait plusieurs morts des deux côtés et contraints des dizaines de milliers de civils à fuir leurs villages et à abandonner leurs récoltes. L'Onu avait fixé un délai au Soudan qui devait expirer mercredi dernier, mais avec le déplacement de l'ancien président sud-africain, Khartoum aura un peu de répit. Ce répit demeure de courte durée, car il est urgent de trouver une issue rapide à ce conflit qui risque de provoquer une nouvelle guerre entre les deux Etats. A ce propos, le Conseil de sécurité de l'ONU a exigé jeudi dernier du Soudan de retirer ses troupes stationnées au niveau de l'enclave d'Abyeï, une région pétrolifère qui attend toujours la tenue de son propre référendum d'autodétermination après avoir été reporté sine die par Khartoum. L'Onu a voté une résolution exigeant de Khartoum «qu'il retire immédiatement et sans conditions» ses soldats et policiers de la région frontalière disputée d'Abyeï. Parallèlement, le Conseil de sécurité a prolongé de six mois le mandat de la Force de maintien de la paix dans cette région pour éviter tout dérapage de la part des deux armées, toujours sur le qui-vive. Par ailleurs, le négociateur sud-soudanais Pagan Amum a appelé, hier, une nouvelle fois le Conseil de sécurité de l'ONU à infliger des sanctions au Soudan, accusé de poursuivre ses provocations malgré le vote d'une résolution exigeant l'arrêt des hostilités et la reprise des négociations. Dans un article paru sur son site web, l'agence d'information Fides (d'obédience chrétienne), a affirmé que plusieurs villages ont fait l'objet de nombreux bombardements de la part de l'aviation soudanaise qui continue d'harceler des civils désarmés.«L'aviation soudanaise continue à s'acharner à travers de bombardements indiscriminés sur les populations civiles des Monts Nuba. C'est ce qu'affirme une source locale qui a envoyé par courriel un témoignage au Sudan Catholic Radio Network», a dénoncé hier Fides sur son site web. Le journal français, Le Figaro, arapporté également que le Soudan refuse de négocier avec les rebelles du SPLM-Nord qui demandent le ralliement de provinces frontalières au Sud-Soudan. «Nous rejetons les négociations», a indiqué le Parlement soudanais, en réponse à la demande de l'ONU qui avait demandé au gouvernement de Khartoum de négocier avec les rebelles de la branche nord du Mouvement populaire de libération du Soudan. Pour conclure, le Soudan a interdit par ailleurs, aux humanitaires, l'accès à certaines zones, évoquant des raisons sécuritaires. L. M.