La situation se dégrade au sein du complexe sidérurgique ArcelorMittal à Annaba où une centaine de personnes, dont la plupart (selon nos informations) ne sont pas travailleurs à l'usine, occupent le siège du syndicat depuis lundi dernier. À leur tête l'ex-député et ex-secrétaire général du syndicat, Aïssa Menadi, qui dit ne pas quitter les lieux avant de chasser les dirigeants étrangers du complexe, procéder à des recrutements d'ouvriers et reprendre le syndicat en main.L'homme visiblement déterminé et convaincu de la justesse de sa cause, a réussi à mobiliser autour de lui ses partisans et compte, selon certaines informations, prendre d'assaut la direction, détruire la pointeuse digitale et s'installer dans le bâtiment. Jusqu'à hier, la Gendarmerie nationale territorialement compétente n'est pas intervenue, attendant certainement les ordres avant de procéder à l'évacuation des lieux. Cependant, la convocation qui a été adressée, lundi dernier, à l'ex-patron du syndicat l'enjoignant de se présenter à la brigade de gendarmerie, est restée lettre morte dans la mesure où le concerné ne lui a donné aucune suite.La réaction conjointe du syndicat ArcelorMittal et du comité de participation ne s'est pas faite attendre. Hier matin, les syndicalistes avaient projeté de reprendre par la force le siège de leur instance pour en déloger ceux qu'ils qualifient «d'intrus», avant de se raviser après que les services de sécurité soient intervenus pour les convaincre que c'est une affaire qui est prise en charge par les autorités qui veilleront à l'application stricte de la loi.Selon le secrétaire général du syndicat ArcelorMittal, Smaïn Kouadria, l'instigateur et le meneur de ce mouvement, Aïssa Menadi, en tant que député sortant, bénéficierait encore de l'immunité parlementaire qui prendra fin dimanche prochain. «A partir de cette date il y aura certainement des mesures qui seront prises. Je tiens cependant à signaler que l'activité à l'intérieur du complexe est tout à fait normale et qu'il n'y a eu aucune perturbation, ce sont là les dernières gesticulations et les derniers soubresauts d'un homme fini politiquement et qui n'a plus aucune forme d'influence ni dans les milieux ouvriers, qu'il avait abandonné quand il était député, ni parmi la jeunesse et les supporters de l'USM Annaba qu'il avait trompés durant les 5 ans de son mandat», nous a déclaré, hier, le SG du syndicat.Dans un communiqué de presse, signé conjointement par le secrétaire général du syndicat et le président du conseil de participation, et transmis, hier, à notre rédaction régionale de Annaba, le syndicat appelle les travailleurs à la vigilance et à la mobilisation, tout en saluant leur attitude sage, raisonnable et digne. La déclaration qui qualifie Aïssa Menadi d'instigateur de troubles et de perturbateur, rappelle aux travailleurs son désengagement en ces termes : «Pourquoi, durant les 5 dernières années de son mandat de représentant du peuple n'a-t-il pas effectué, ne serait-ce qu'une seule fois, une visite au complexe pour s'enquérir des problèmes que vivaient les travailleurs, à savoir, l'avenir incertain, l'absence d'investissements etc. ? […] Pourquoi a-t-il oublié que ce sont surtout les travailleurs d'El Hadjar, leurs proches et leurs amis qui ont voté pour lui et l'ont fait élire à l'APN ?».A la fin de la déclaration, le syndicat appelle à un rassemblement dans les tous prochains jours «pour manifester notre refus de cautionner quelqu'un qui est désormais un étranger pour nous (Menadi, Ndlr) et dont nous n'avons nullement besoin», souligne le communiqué.