Photo : Riad Par Ali Boukhlef Pour une fois, le Front de libération nationale peut se targuer de ne pas être le seul parti qui traverse une crise sérieuse. Après l'annonce des résultats des élections législatives, les dissensions internes à certains partis politiques sont désormais étalées au grand jour.Le Mouvement de la société pour la Paix peut bien cacher ses «misères». Mais les dirigeants du parti islamiste ne peuvent plus mettre en sourdine leurs tiraillements. Habitué aux délices du pouvoir depuis au moins 1995, le parti fondé par Mahfoud Nahnah risque de ne pouvoir avaler la nouvelle pilule de l'opposition. Puisque, dès l'annonce de la fameuse décision du conseil consultatif, relative à la non-intégration au sein du gouvernement, les premiers couacs débutent. Et, quand on sait que le MSP est miné, depuis longtemps, par deux grandes tendances, on comprend aisément que la suite des évènements risque de conduire à l'éclatement du parti. Si, par le passé, les partisans de l'entrisme ont toujours pris le dessus, les choses se présentent autrement, cette fois-ci. D'autant plus que la direction du parti est obligée de faire face à une nouvelle donne : Amar Ghoul a pris de l'ambition, au fur et à mesure de son ascension politique. Il semblerait, d'ailleurs, que l'ancien ministre des Travaux publics ne résistera pas à une éventuelle sollicitation de la présidence de la République pour intégrer le futur gouvernement. Le problème est double. La direction du parti craint une scission, mais elle doit faire avec l'ampleur qu'a prise Amar Ghoul, depuis qu'il est arrivé en tête des législatives dans la capitale. Les déclarations de Abderrahmane Saïdi, président du Conseil consultatif, hier, dans les colonnes du Soir d'Algérie, sont éloquentes. Le responsable islamiste a signifié que, à cause des ambitions de son ancien ministre, le MSP pourrait être amené à changer de position et à accepter d'intégrer le gouvernement. Chose qui ne plaira certainement pas à l'autre aile, représentée par Abderrezak Mokri et, à un degré moindre, Bouguerra Soltani. Ces derniers sont contre toute entrée au gouvernement. Dans cette situation, un clash n'est pas à exclure. Pis, le parti peut être scindé en deux. Le RND couve une crise, depuis quelques jours déjà. Le parti d'Ahmed Ouyahia traverse une nouvelle zone de turbulences, suite aux résultats des élections législatives. Un paradoxe. Puisque, s'il n'est pas arrivé en tête de ce scrutin, le RND a tout de même gagné 5 sièges, par rapport aux élections de 2007. Cela ne suffit pas, selon des militants, qui réclament le départ du secrétaire général, qui a brillé par son absence, ces derniers jours. Les choses vont rentrer dans l'ordre, probablement dès le week-end. Ouyahia devra présider une session du Conseil national, qui s'annonce déjà animée.Du côté du FLN, les choses n'ont pas vraiment changé. Depuis les élections législatives, les deux protagonistes restent sur leurs positions. Les «redresseurs» jurent de renvoyer Abdelaziz Belkhadem, dès la tenue de la session du Comité central du 15 juin. L'actuel secrétaire général, lui, défie ses adversaires et compte surprendre, en demandant un vote de confiance. Qui aura le dernier mot ? Le plus vieux parti de l'opposition connaît une crise qui risque de le séparer de certains de ses cadres. Le président du FFS, Hocine Aït-Ahmed, a envoyé aux dirigeants du parti une missive, dans laquelle il réclame des «sanctions exemplaires» contre des militants, qualifiés de fractionnistes. Il ne cite personne. Mais les regards sont déjà orientés vers d'anciens dirigeants, à commencer par Karim Tabbou –qui n'a pourtant fait aucune déclaration publique- et Samir Bouakouir, l'ancien chargé de communication. Ce dernier a qualifié, à partir de Paris, ces accusations de «lamentables». Il récidive, à travers une interview accordée, hier, au site électronique TSA, en affirmant que «la gestion du FFS échappe à la direction. Le FFS est géré par certains cercles du pouvoir».Avant Bouakouir, la fédération FFS de Béjaïa a réclamé une «session extraordinaire du Conseil national» et la réintégration de son premier secrétaire, écarté par la direction nationale. Pendant ce temps, le secrétariat national reste muet. «Les sanctions vont bientôt tomber», a seulement dit Ali Laskri aux journalistes. Le Front national algérien n'est pas épargné par le mouvement de dissidences. Pis, Moussa Touati est mis devant le fait accompli. Les 9 députés qui portent l'étendard de son parti à l'Assemblée populaire nationale ont désavoué publiquement leur chef. Alors que le président du parti participe à une initiative qui conteste les résultats des élections législatives et prône le boycottage des séances plénières de l'APN, ces députés rendent public un communiqué, dans lequel ils avancent que «les agissements du président ne nous engagent pas». Et, comme un malheur n'arrive jamais seul, Moussa Touati doit faire face à une nouvelle révolte. Des militants de l'Est se sont réunis à Constantine et ont demandé le retrait de confiance au chef du parti. D'autres formations, parmi lesquelles celles qui viennent d'être agréées, connaissent des problèmes organiques. Est-ce le début d'une nouvelle décantation, ou le résultat d'un pourrissement de la scène politique ?