Synthèse de Ghada Hamrouche Comme attendu, le second tour de la présidentielle égyptienne, prévu les 16 et 17 juin prochains, opposera le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, au dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq. Un duel qui s'annonce tendu non seulement à cause de leurs projets diamétralement opposés mais aussi en raison de la présence d'un symbole du régime de Moubarak au deuxième tour. Une présence qui augmente le malaise des votants et qui risque d'accroître le taux d'abstention. M. Morsi a obtenu 24,7% des voix et M. Chafik 23,6%. Le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi est arrivé en troisième position, avec 20,7% des suffrages. Viennent ensuite, l'islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh et l'ex-ministre des Affaires étrangères et ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa. Le taux de participation au premier tour de ce scrutin historique, a atteint 46%. Près de 51 millions d'électeurs étaient appelés à départager 12 candidats. Cette confrontation n'est pas sans provoquer le désarroi des militants pro-démocratie laïcs, réduits à envisager de voter islamiste pour éviter un retour du régime chassé le 11 février et contre lequel ils avaient mené une lutte acharnée. MM. Moussa et Aboul Foutouh ont refusé, lundi, de donner de consigne de vote. M. Aboul Foutouh a néanmoins catégoriquement rejeté l'hypothèse de voter pour M. Chafiq, considéré par les Egyptiens comme un «fouloul» (résidu) de l'ancien régime. La justice égyptienne doit, par ailleurs, se prononcer le 11 juin sur une loi interdisant aux piliers de l'ère Moubarak de se présenter aux élections, a rapporté le journal al-Akhbar. L'interdit de la justice égyptienne, s'il venait à se confirmer, pourrait avoir de lourdes conséquences pour M. Chafiq. Le Conseil suprême des forces armées (Csfa), du maréchal Hussein Tantaoui, a promis de rendre le pouvoir aux civils avant la fin juin, une fois le nouveau président élu. Les pouvoirs du prochain président, qui sera élu pour quatre ans, sont toutefois flous. Le pays ne dispose toujours pas d'une nouvelle Constitution pour remplacer celle en vigueur sous M. Moubarak, suspendue après sa démission.L'ancien président américain Jimmy Carter, à la tête du Centre qui porte son nom et qui se donne pour mission d'observer le déroulement d'élections dans le monde, avait fait état samedi d'irrégularités «fortuites», assurant qu' «il n'y a pas eu de signe montrant que la procédure ait favorisé un candidat en particulier». M. Morsi a bénéficié du soutien du puissant réseau militant de la confrérie, qui vaut aux Frères musulmans de détenir déjà près de la moitié des sièges de députés dans le plus peuplé des pays arabes. Le plus important parti fondamentaliste salafiste, al-Nour, lui, a officiellement apporté son soutien lundi, après avoir soutenu M. Aboul Foutouh au premier tour. M. Chafiq, accusé par ses adversaires d'être l'homme des militaires, a fait campagne sur le thème du retour à la stabilité. Les deux finalistes ont très vite tenté de rassembler les soutiens, en appelant leurs rivaux malheureux à se rallier à eux et en multipliant ces derniers jours les promesses de préserver les acquis de la «révolution». Ils ont aussi assuré qu'ils gouverneraient au nom de tous les Egyptiens, dans l'espoir d'élargir leur base électorale, notamment auprès des jeunes.