Photo : M. Hacène Par Samira Imadalou Les protestations pour le logement sont de retour à Alger. Hier, les habitants des caves des cités 8 Mai 1945 et Soummam, de Bab Ezzouar, ont coupé la route reliant la localité à Alger au niveau du siège de la Daïra de Dar Beïda. Brandissant des banderoles dénonçant le laxisme des autorités locales et criant à la «hogra», les manifestants ont bloqué la route pendant toute la matinée, précisément jusqu'à 11h15, perturbant ainsi fortement la circulation routière pendant de longues heures. Sous un soleil de plomb, les protestataires ont occupé la route des deux côtés pour réclamer leur relogement et appeler les autorités locales à tenir leurs promesses. «Nous habitons des caves depuis 30 ans. A chaque fois, on nous promet le relogement mais nous attendons toujours», dira un délégué de ces habitants qui précisera qu'elles sont au total 511 familles à souffrir de cette situation à Sorécal et 50 autres familles à la cité Soummam. Certaines d'entre-elles ont même perdu leurs enfants avec la dégradation de leurs conditions de vie, comme c'est le cas de cette maman qui a vu ses deux enfants périr dans la minable cave qu'elle occupe avec sa petite famille. «Moi-même, j'ai été mordue par un rat», témoignera-t-elle, tout en criant sa colère. Et ce, avant de lever son bras pour montrer la cicatrice marquant son poignet. Ce qui a poussé ces citoyens à opter pour le blocage de la route est, vu le mépris affiché par les autorités à leur égard. «C'est un jour de réception. Personne ne veut nous recevoir à la daïra», nous expliquera l'un des manifestants. Mais au même moment, un autre groupe de manifestants était déjà à l'intérieur de l'enceinte administrative pour demander à voir un représentant et exposer, de nouveau, leurs cas. Car, ce dossier est déjà étalé devant les responsables locaux. «Nous nous sommes présentés à la wilaya à plusieurs reprises. On nous renvoie à la Daïra sans que notre problème soit réglé», se lamente un père de famille qui a dû s'absenter de son travail pour venir réclamer la prise en charge de ce dossier aux côtés de ceux qui partagent cette misère. Comme réponse à cette action de protestation, le chef de cabinet du wali délégué a finalement demandé aux concernés de revenir la semaine prochaine pour avoir une réponse. «Si rien ne sera réglé, nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure. Nous sommes prêts à bloquer l'autoroute qui relie Alger à l'aéroport au niveau de Bab Ezzouar», menace le délégué des manifestants. Du côté de la daïra, c'est le blackout. Nos tentatives de rencontrer un des responsables sur place ont été vaines. «Le wali délégué est sorti à la rencontre des citoyens. Allez-y voir», nous dira un agent de sécurité, alors que ce n'était pas le cas. Les manifestants se sont quittés avec la promesse de voir leur situation réglée. Mais ce sera pour quand ? La même question se pose concernant le cas des citoyens occupant également des caves au niveau de la cité 5-Juillet à Bab Ezzouar, où on compte plus de 1 000 caves, et aussi dans d'autres localités. Des caves qui ont subi moult transformations pour devenir habitables et qui ont même été vendues de manière informelle dans de nombreux cas. Il faut le reconnaître, le laxisme des autorités locales a laissé place à une occupation graduelle et illicite de ces points, source de danger pour la santé publique.