C'est bien connu, le sérieux et la rigueur prennent naturellement le dessus sur le bricolage et le provisoire. Au fond de soi-même, tout le monde a l'intime conviction qu'il faut beaucoup d'effort et d'application à l'œuvre pour réussir. Réussir vraiment, puisqu'il y a aussi les faux succès et les victoires trompeuses. C'est quelque chose d'inné. Les footballeurs de l'équipe nationale ont vraisemblablement bien compris cette morale élémentaire. Pour leur première confrontation de qualification au Mondial 2014, les capés de Halilhodzic se sont montrés volontaires et bien motivés sur le terrain. Faisant preuve d'une solidarité exemplaire, tous les éléments alignés se sont surpassés pour, d'abord, défendre les chances du collectif et, ensuite, gagner individuellement leur place dans les choix tactiques du coach. Il y avait, pour ainsi dire, un match dans le match. En clair, un type comme Djebbour sait, maintenant, qu'il doit marquer des buts pour garantir sa sélection. Sinon, les Soudani, Slimani, Ghilès ou Aoudia risquent de lui ravir ses galons de canonnier en chef de l'équipe. Les Feghouli, Boudebouz, Bouzid et Guedioura ont déjà renvoyé des «icônes» qui se croyaient, récemment encore, indétrônables. Et, eux-mêmes ne sont pas à l'abri de cette même rivalité. à ses débuts avec les Fennecs, la méthode concurrentielle et compétitive du Bosniaque n'a pas plu à tout le monde ou presque. Dès l'entame de sa mission, l'homme a clairement défini des critères de compétence et d'efficacité qui s'appliqueront à tous les athlètes retenus. Afin d'offrir à tout un chacun sa chance, il avait, ensuite, beaucoup voyagé pour superviser tous les footballeurs susceptibles d'étoffer sa liste. Critiquant sévèrement la médiocrité du travail de préparation au sein des clubs algériens, Halilhodzic a suscité l'ire des entraîneurs locaux, même s'ils savent, comme nous tous, que ses griefs étaient amplement justifiés. Même en foot, il y a des analyses techniques et des données statistiques qu'on ne peut réfuter comme çà, facilement ! L'homme fort de l'EN, comme pour convaincre de sa bonne foi, s'est engagé à s'appliquer également les mêmes critères de rigueur et d'obligation de résultats. «Avec ou sans moi, vous devez travailler dur pour réussir», a-t-il laissé entendre, au cours d'une conférence de presse. Cette formule peut aisément s'appliquer dans tous les clubs sportifs algériens. Le procédé est incontestablement de nature à donner un nouveau souffle au mouvement sportif national. C'est aussi une consécration de la justice sociale. Les grandes lignes de cette stratégie peuvent également servir dans tous les autres secteurs d'activités. Même le gouvernement n'y échappe pas ! à la veille de la formation d'un nouvel exécutif, la méthode Halilhodzic peut, en effet, être d'un réel bénéfice pour la bonne marche des affaires de l'Etat. Dans les différents gouvernements qui se sont succédés depuis la fin du siècle dernier, certains noms reviennent avec insistance, même si leurs bilans respectifs sont peu reluisants. Ces ministres inamovibles se comportent, parfois, comme les fameux «cadres» des Verts sous les règnes successifs de Cheikh Saâdane et Abdelhak Benchikha. Il est grand temps de prospecter ailleurs, pour trouver mieux. Au niveau de ces mêmes ministères, on trouve des directeurs et des chefs de départements de loin beaucoup plus compétents que leurs chefs ombrageux. Partout, à travers le monde, il y a aussi des compétences nationales qui ont gagné l'estime-très exigeante- de leur pays d'accueil. Dans nos propres universités et les grandes entreprises nationales, il y a aussi des valeurs à promouvoir. Si cela est valable pour le gouvernement, çà l'est forcément pour les autorités locales et les établissements publics. En somme, pour notre bien à tous, faisant un match dans le match. Et, l'Algérie, à l'image des Fennecs, se porterait beaucoup mieux ! K. A.