[image] Par Sihem Ammour Un colloque international autour de l'œuvre et du parcours de Jean El Mihoub Amrouche sera organisé du 16 au 18 juin prochain au Théâtre régional Abdelmalek- Bouguermouh de Béjaïa (TRB), à l'initiative de l'Association Ballade littéraire, en partenariat avec la Ligue des arts dramatiques et le TRB. Intellectuel aux multiples talents, Jean El Mouhoub Amrouche est une des grandes figures des militants engagés qui ont dédiée leur vie à la culture et au pays. Disparus quelques jours après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 dont il était un des protagonistes délégué par Ferhat Abbas et Abane Ramdane, ce grand Homme de l'histoire de la culture algérienne, poète, journaliste, homme de radio, critique littéraire et patriote, est enfin réhabilité dans la mémoire officielle après des années de mise à l'ombre.Ainsi, durant trois jours, plus d'une dizaine de chercheurs et personnalité littéraires seront présents à cette rencontre afin de faire connaître au grand public l'intellectuel algérien mais aussi le patriote qu'on surnomme «l'éternel Jugurtha», un clin d'œil à l'un de ces plus cinglants écrits revendiquant l'identité algérienne face à la politique de déculturation et d'acculturation du colonialisme français. Par les nombreuses conférences au programme de ce colloque, on peut citer celle de Tassadit Yacine qui présentera «L'Algérie de Jean Amrouche : réalité ou utopie ?» Pour sa part Ali Sayad affinera dans son intervention intitulée «Amrouche, poète et combattant de la liberté», la facette la plus méconnue du grand poète algérien, celle du combattant pour l'indépendance de l'Algérie et qui reste sujet à controverses jusqu'à aujourd'hui. La récente polémique autour de la stèle à son effigie dans le carré des martyrs de son village natal Ighil Ali en est un exemple. Il aura fallut la mobilisation de la société civile et les intellectuels pour que Jean El Mouhoub Amrouche, ce patriote à part entière, puisse reposer en paix auprès de ces frères de combats.Bien avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, il était l'un des premiers intellectuels algériens à réagir aux massacres du 8 mai 1945. Il a écrit : «Ni les avions, ni les blindés, ni les canons de la flotte ne prévaudraient contre la haine, fille du désespoir. Si le sang d'abord jette la terreur, il provoque ensuite les meilleurs à la résistance.» Ce colloque vient à point nommé pour éclairer l'opinion publique sur le combat de cet intellectuel engagé et le sortir de son confinement dans une culture de folklore. Parmi les interventions qui contribuerons à cette mise en lumière, il y aura celles de Réda Malek, Hervé Sanson qui présentera «Jean Amrouche, cet Algérien qui s'adresse aux Français : les articles politiques» et Madjid Merdaci dont la conférence s'intitule «Jean Amrouche, une figure d'intellectuel engagé».D'autres intervenants analyseront l'œuvre littéraire d' Amrouche. Dans ce volet, on retrouve l'historien Gilles Manceron avec la conférence «Jean Amrouche et le monde des lettres françaises, intimité et extériorité», Dehbia Ammour pour «Le lien entre Jean Amrouche et sa mère Fathma Naith Mansour» et Tarik Mira avec «Relire l'éternel Jugurtha». Cinquante ans après sa disparition, la perception du poète de son Algérie pour laquelle il avait beaucoup d'espoirs de Démocratie et rêvait de la voir rayonner avec des valeurs Universelles, sera également abordée avec notamment les conférences «Jean Amrouche : l'oublié ou le dérangeur ?» de Amine Zaoui, «Et si Jean Amrouche avait un compte Facebook ?» de Kamel Daoud et enfin «Immortel parmi les Immortels» de Ouarda Himeur. Pour rappel, au-delà de l'hommage, les associations culturelles ont dues, encore une fois, se mobiliser et se battre pour préserver la mémoire de Jean El Mihoub Amrouche. C'est ainsi qu'un véritable appel de détresse a été lancé aux hautes autorités du pays pour intervenir afin d'arrêter l'opération de démolition de la maison natale de l'emblématique famille des Amrouche afin de sauvegarder ce patrimoine commun à tous les Algériens. L'action qui a été menée avait pour slogan «Oui à la réhabilitation de l'héritage intellectuel et artistique des Amrouche ; Non à la démolition de la maison des Amrouche ; Oui à son classement comme patrimoine culturel national». Espérons que les responsables du pays entendront cet appel et tous les autres, qui ne demandent rien de plus que l'écriture de l'histoire sans déformations ni occultations et sa mise à l'abri de toutes orientations politiciennes, récupérations et instrumentalisations. L'écriture de l'Histoire doit revenir aux Historiens.