Le Centre culturel français abrite, ce soir, une conférence-débat sur l'un des pionniers de la littérature algérienne. Le pionnier de la littérature algérienne d'expression française, Jean El Mouhoub Amrouche, suscite encore le grand intérêt des historiens. Depuis quelques années, des colloques, des hommages et des conférences lui sont consacrés. En Algérie, on en parle peu. On évoque rarement le nom de Jean El Mouhoub Amrouche dans la littérature algérienne. Mais, il n'a pas pour autant rejoint le cimetière de l'Histoire. L'historienne française, Réjane Le Baut, animera, ce soir, au CCF (Centre culturel français), à partir de 14h, une conférence sur Jean Amrouche. La conférencière a étudié le parcours littéraire de Jean El-Mouhoub. Elle a même publié des oeuvres sur cet homme de lettres algérien. Après avoir enseigné les lettres au lycée Frantz Fanon, à Alger, elle a soutenu, en 1988, une thèse de doctorat à Paris IV Sorbonne, intitulée «Jean Amrouche, itinéraire et problématique d'un colonisé». En 2003, elle a publié Jean El Mouhoub Amrouche, Algérien universel. Les lecteurs algériens savent-ils quelque chose sur cet écrivain? Autrement dit, connaissent-ils au moins qui est Jean El Mouhoub Amrouche? Si quelques passionnés de la lecture savent de qui il s'agit, la majorité ignore cet homme. Il est difficile de le présenter en quelques phrases et en quelques lignes sur une où deux colonnes du journal, mais essayons, toutefois, de rapporter quelque peu sa biographie et son parcours littéraire. Jean Amrouche est un écrivain algérien de sang et de sol. Natif de la Basse Kabylie, El Mouhoub est né un 7 février 1906, à Ighil Ali. Le destin a voulu qu'il adopte le français comme langue d'expression et le christianisme comme religion. Ainsi, ce sont des raisons coloniales qui ont fait de lui un chrétien. Lui-même a écrit: «Kabyle de père et de mère, profondément attaché à mon pays natal, à ses moeurs, à sa langue, amoureux nostalgique de la sagesse et des vertus humaines que nous a transmises sa littérature orale, il se trouve qu'un hasard de l'histoire m'a fait élever dans la religion catholique et m'a donné la langue française comme langue maternelle.» Ainsi, El Mouhoub est un enfant d'une histoire contrariée et d'un destin tragique et singulier. Il a quitté, très jeune, l'Algérie pour s'installer avec sa famille à Tunis. Après avoir fréquenté l'Ecole normale de Saint Cloud pour des études secondaires, il devient professeur de lettres dans un lycée à Sousse. Cette expérience d'enseignant lui a permis de côtoyer de grands écrivains et poètes à l'image de Armand Guibert. Ainsi, entre 1934 et 1937, il publie ses premiers poèmes et c'est à l'âge de 27 ans, qu'il a publié son premier recueil de poésies intitulé Cendres. Trois ans plus tard, il publie un second recueil intitulé Etoile secrète. Dans ses deux oeuvres, l'auteur a développé les thèmes qui se rattachent au vécu de l'isolement et de la séparation. Ensuite, il entre dans le monde de la presse. Il collaborera avec de grands titres de la presse française, à l'instar du journal Le Monde, L'Express et L'Observateur. En 1939, il publie à Tunis la 1re édition des Chants berbères de Kabylie ainsi que ses poèmes Ebauche d'un chant de guerre, dédiés à la mémoire de Larbi Ben M'Hidi et Le combat algérien (écrit en juin 1958), qui ont été publiés en revues.