[image] Par Moumene Belghoul Une vague d'attentats à la bombe a fait, hier, au moins 62 morts et près de 204 blessés en Irak, au moment où la communauté chiite se préparait à commémorer à Baghdad la mort de l'un de ses principaux imams. Il s'agit du plus lourd bilan depuis les attentats de Baghdad et Nassiriya, qui ont fait 68 morts. Les attentats deviennent particulièrement fréquents pendant les fêtes religieuses qui suscitent des rassemblements très importants en Irak. Les villes de Baghdad, Hilla, Kerbala, Azizia, Baakouba, Kirkouk et Mossoul on ainsi vu des dizaines d'attaques. Baghdad est actuellement en pleine préparation pour la célébration de l'anniversaire de la mort de Moussa al-Kadhem, le septième des douze imams honorés par les chiites. Une voiture piégée a explosé dans le quartier chiite de Kadhamiya, au nord de Baghdad, où doivent se dérouler les cérémonies en l'honneur de l'imam, enterré dans un mausolée situé dans ce quartier. Ces cérémonies attirent chaque année des dizaines de milliers de pèlerins chiites venus d'autres villes, souvent à pied. La dernière attaque d'ampleur dans la capitale remonte au 4 juin, lorsqu'un attentat suicide à la voiture piégée avait détruit le siège d'une fondation religieuse chiite, faisant au moins 25 morts. Attentat revendiqué par l'Etat islamique d'Irak, lié à Al-Qaïda. La violence a certes décru en Irak ces dernières années mais reste présente. Plus de 130 personnes ont péri dans des attaques au cours du seul mois de mai. Sur le plan politique le blocage est toujours de mise, paralysant le pays depuis six mois. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, accusé de tentations dictatoriales, devrait échapper au vote de défiance parlementaire pour lequel militent ses ex-alliés. Le président irakien, Jalal Talabani, a opposé une fin de non recevoir à ceux qui lui demandaient d'organiser un vote de défiance à l'encontre du chef de gouvernement, arrivé au pouvoir en 2006 et reconduit suite aux élections législatives de 2010. Plus de 160 députés avaient, initialement, soutenu l'idée d'une motion de défiance, parmi lesquels des membres de partis de la coalition gouvernementale comme le bloc laïque Irakiya, les sadristes et les Kurdes. Un minimum de 163 votes (sur 325 députés) est nécessaire pour faire passer un vote de défiance. Mais 11 des élus ayant donné leur feu vert à la demande se sont par la suite rétractés. Le chef religieux chiite Moktada Sadr a, de son côté, estimé que la crise «ne fait que commencer». La crise politique s'était déclarée en décembre, au moment du retrait des troupes américaines d'Irak, sous l'impulsion d'Irakiya, bloc laïque mais dominé par les sunnites. Les dirigeants kurdes et sadristes sont, depuis, entrés en conflit avec Maliki. La crise paralyse, depuis, l'action des institutions politiques dans un pays plus fragilisé que jamais.