Ce bilan donné par deux sources médicales, pourrait s'alourdir, des personnes se trouvant encore enfouies sous les décombres, selon des responsables. Un attentat suicide à la voiture piégée a détruit hier le siège d'une fondation religieuse chiite à Baghdad, faisant au moins 22 morts et ravivant la crainte de nouvelles tensions confessionnelles dans un pays plongé dans une grave crise politique. Ce bilan donné par deux sources médicales, pourrait s'alourdir, des personnes se trouvant encore enfouies sous les décombres, selon des responsables. L'attentat, qui a également fait une soixantaine de blessés, a visé l'administration en charge de la gestion des sites religieux chiites d'Irak vers 11h00 (08h00 GMT) dans le quartier de Bab al-Mouazzam dans le centre de Baghdad. La bâtiment a été «totalement détruit», a déclaré le vice-directeur de la fondation, cheikh Sami al-Massoudi, en soulignant que «des martyrs sont ensevelis sous les ruines». L'attentat est intervenu après une série d'attaques à la bombe le 31 mai qui ont fait au moins 17 morts et 57 blessés à Baghdad. L'institution visée était en conflit avec son équivalente sunnite au sujet du contrôle du mausolée chiite Al-Askari de Samarra, une ville majoritairement sunnite située à 110 km au nord de Baghdad. Ce mausolée avait été la cible d'un attentat le 22 février 2006 qui avait déclenché la pire guerre confessionnelle entre sunnites et chiites de l'histoire de l'Irak avec des dizaines de milliers de morts. Les chiites sont majoritaires en Irak. L'attaque de lundi «s'est produite après que (la fondation chiite) a procédé à l'enregistrement du mausolée il y a cinq jours, et nous avons reçu beaucoup de menaces. Certains médias ont créé des tensions sur cette affaire», a expliqué cheikh Massoudi. Cet enregistrement est «légal et constitutionnel et nous sommes dans notre droit car il s'agit d'un site chiite», a-t-il ajouté. «Nous n'accusons personne, mais nous appelons les Irakiens à enterrer cette querelle, car il existe un plan pour lancer une guerre civile» à base confessionnelle. Un porte-parole de la fondation sunnite a condamné l'attaque et indiqué que deux obus s'étaient abattus peu après sur le siège de son institution à Baghdad. Un responsable du ministère de l'Intérieur a évoqué une explosion provoquée par une bombe. Il n'y a pas eu de victimes. Sur les lieux de l'attentat, des dizaines d'ambulances et de secouristes s'activaient pour évacuer et fouiller les décombres, tandis que les proches se rassemblaient à proximité. Un homme portant des lunettes noires les a brutalement jetées à terre en pleurant et criant: «Ils sont tous morts, ils sont tous morts!», avant d'être emmené par des policiers. Mohamed, propriétaire d'un restaurant en face du site visé, pleurait lui aussi, vilipendant la classe politique: «Venez voir les maisons qui ont été détruites sur la tête des enfants!» «C'était un 4X4 blanc, il (le kamikaze) allait trop vite et il a heurté la porte de la fondation et a explosé. Tout d'un coup j'ai vu deux de mes employés morts devant moi», a-t-il ajouté, torse nu et couvert de sang avec des points de suture visibles sur ses blessures. «Maliki et Allawi se disputent pour diriger le gouvernement et nous sommes les victimes», a-t-il dit en allusion au Premier ministre chiite Nouri al-Maliki et à son principal rival Iyad Allawi. L'Irak est englué depuis six mois dans une grave crise politique opposant M.Maliki à plusieurs dirigeants sunnites et kurdes qui lui reprochent son autoritarisme. Les appels à la démission ou à un vote de défiance envers M.Maliki se sont multipliés ces dernières semaines. L'action des institutions politiques paraît en attendant quasi paralysée, alors que le pays continue de faire face à de graves problèmes de sécurité et de pauvreté. La violence y a décru ces dernières années mais reste quasi-quotidienne: 132 personnes ont péri dans des attaques au cours du seul mois de mai selon les statistiques officielles.