Une espèce animale ou de plante disparaît toutes les 20 minutes, soit 26 280 espèces disparues chaque année. Les activités humaines, si elles se poursuivent sur les mêmes rythmes et modes, provoqueront l'extinction de près d'un quart des espèces animales et végétales d'ici le milieu du siècle. Au cours des 65 derniers millions d'années, le taux d'extinction moyen a tourné autour d'une extinction par an pour un million d'espèces. Aujourd'hui ce taux serait 100 fois supérieur. Au 1er janvier 2000, l'Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (Iucn) avait recensé 11 167 espèces menacées. Il y en avait 16 306 en 2007, soit 31% de plus. Entre 1970 et 2008, la biodiversité a diminué de 28% ; plus d'un million d'espèces ont disparu. Ces quelques chiffres -il y en de plus précis- suffisent pour illustrer le crime prémédité de l'homme qui, comble de bêtise, est en train de scier la branche sur laquelle il est assis. Car, les extinctions d'espèces de la faune et de la flore finiront par provoquer celle de l'espèce humaine. Aussi, la logique exigerait-elle de tout arrêter pour revoir les modèles mêmes de développement et de vie des humains. Mais entre logique scientifique et logique politique, il y a l'économique, avec ses barons de l'industrie et de la finance mondiales qui sont les véritables maîtres du monde. Dès lors, on ne peut s'étonner de voir la Conférence Rio+20 sur le développement durable s'achever en eau de boudin. Les politiques soumis aux lobbys et complexes industriels ont transformé le sommet en montagne accouchant d'une souris. Le texte intitulé le Monde dont nous ne voulons pas signé par les quelques 190 pays de l'ONU n'est en fait qu'un compromis a minima, sans aucun objectif contraignant et de financement. L'«économie verte» défendue du bout des lèvres par les représentants des Etats, après de longues discussions et négociations, restera un vœu pieu. À la longue liste des menaces pesant sur la Terre et l'espèce humaine que sont la faim, la pauvreté, la désertification, l'appauvrissement des océans, la pollution, la déforestation et l'extinction d'espèces animales et végétales, les politiques ont répondu par la même litanie de promesses qu'ils accommodent et récitent depuis que l'écologie leur empoisonne la vie. Le directeur général de Greenpeace International, Kumi Naidoo, illustrera le résultat de Rio+20 de la manière la plus incisive, et juste. «On remet en ordre les fauteuils sur le pont du Titanic alors qu'il est en train de sombrer», dira-t-il. «Ce fut une occasion manquée», renchérira Manish Bapna, du centre de réflexion américain World Resources Institute (WRI). «Ça montre l'impuissance du politique, la paralysie du système, ça rend pessimiste sur sa capacité à générer quelque chose», soutient la directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), Laurence Tubiana. «La guerre ! C'est une chose trop grave pour la confier à des militaires», a affirmé Georges Clemenceau. La protection de l'environnement l'est tout autant et plus pour qu'elle soit confiée à des politiques. H. G.