Tous les intervenants à l'atelier régional de l'UIT (Union internationale des télécommunications-Nations unies) portant sur le thème «Les aspects juridiques de la protection des enfants en ligne dans la région arabe» se sont accordés sur la nécessité de coordonner les efforts pour lutter contre la cybercriminalité qui touche non seulement l'adulte mais aussi cette frange fragile de la société.Organisée par le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, cette rencontre, qui s'est déroulée au Cyberparc de Sidi Abdellah, a regroupé d'importantes personnalités et experts, algériens mais aussi étrangers venus de la région arabe et d'Europe, qui ont animé des conférences sur des thèmes ayant trait à cette problématique mondiale, notamment la règlementation en vigueur pour protéger les enfants contre ce phénomène aux multiples risques.Les pays arabes, parmi eux l'Algérie, tout comme l'Europe ont mis en place des lois et des mesures restrictives relatives à la protection de cette catégorie vulnérable de la société, mais les efforts doivent être encore plus grands. Car ce phénomène, qui n'est pas encore très connu en Algérie, risque de devenir très grave si la règlementation n'est pas renforcée et si le mouvement associatif ne joue pas pleinement son rôle. En effet, la réalité est inquiétante en Algérie, selon le professeur Mostefa Khiati, président de la Forem, présent à l'atelier. L'enquête menée en 2008 par cette organisation, intitulée «Protection des enfants contre les agressions sexuelles en ligne», révèle que 35,5% des enfants interrogés ont fait de mauvaises rencontres lors de leurs connexions sur Internet, 46,5%, soit prés de la moitié, disent avoir été choqués par des images vues sur le net et auxquelles ils ne s'attendaient pas, tandis que 30,5% ont affirmé avoir reçu des offres alléchantes sur Internet de la part d'inconnus (voyages, cadeaux…). Des chiffres avancés par le Professeur Khiati font état de 35 délits liés à la cybercriminalité enregistrés au premier trimestre 2010, contre un seul en 2005. Le nombre de personnes poursuivies dans ce genre d'affaires était de 88 en 2010, contre zéro en 2005, et 3% des infractions commises concernent la publication de photos pornographiques d'enfants. Ces statistiques sont bien sûr en deçà de la réalité. C'est pourquoi, le professeur Khiati explique toute l'importance de mettre en place un logiciel de filtrage (il peut être téléchargé gratuitement) en attendant que les nouvelles mesures juridiques soient introduites espérons le dès l'année prochaine. Il exhortera aussi les parents à restreindre l'utilisation de la Toile à leurs enfants et à vérifier l'historique.La responsable régionale de l'UIT, Mme Rouda El Amir Ali, a expliqué dans un point de presse animé à l'occasion que les questions juridiques et législatives des pays arabes dans le domaine de la cybercriminalité ne sont pas très développées et n'arrivent pas à suivre les évolutions très rapides dans le domaine de l'Internet. Mais selon elle, la conscience est telle que cette rencontre intervient à la demande des pays arabes désireux de développer leurs législations. «Au niveau de l'UIT nous faisons de notre mieux pour les aider, notre objectif étant de sortir avec un cadre réglementaire et législatif régional et une stratégie arabe commune pour protéger les enfants sur Internet», explique Mme El Amir Ali. La rencontre qui se poursuivra aujourd'hui sortira avec des recommandations utiles qui serviront l'avenir de l'enfant algérien et arabe. B. A.