La création d'une instance nationale de coordination pour la protection de l'enfant des dangers liés à l'utilisation de l'internet est devenue une nécessité majeure, a estimé dimanche à Alger le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (FOREM), Mustapha Khiati. "Nous avons plaidé depuis 2007 pour l'instauration d'une instance de coordination entre tous les acteurs concernés pour une meilleur protection de l'enfant de la cybercriminalité", a indiqué M. Khiati dans un point de presse en marge d'un atelier ayant pour thème "l'aspect juridique de la protection de l'enfant des dangers liés à l'utilisation de l'internet dans la région arabe". En plus de la prévention et le contrôle, cette instance composée des représentants des parents, des écoles, de la Gendarmerie nationale, ainsi que des ministères concernés, aura pour mission la prise en charge des mineurs victimes de la cybercriminalité, notamment la pédophilie, a-t-il précisé, considérant qu'en matière de législation, "l'Algérie est très en retard par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays dans ce domaine". C'est pour cela d'ailleurs qu'il est pratiquement difficile d'établir des statistiques sur le nombre d'enfants victimes de crimes du Net, a-t-il dit. "Il faut que la législation soit actualisée au moins chaque 2 ans en fonction des dangers qui découlent de l'utilisation du Net", selon M.Khiati qui a souligné l'importance de criminaliser l'intention avant l'acte (pédophilie). "Aujourd'hui, dans ce domaine caractérisé par le virtuel, nous devons nous référer à l'intention et pas uniquement à l'acte", a-t-il expliqué. Un billet d'avion ou un cadeau offert à un enfant de la part d'un inconnu suffit pour "arrêter la personne suspecte". Selon les chiffres de la Forem, "80 personnes étaient poursuivies en 2010 pour pédophilie en Algérie, soit 3% des infractions commises par les internautes, "des chiffres qui vont doubler dans les trois années à venir si de nouvelles lois plus rigoureuses sur la lutte contre la cybercriminalité et la protection de l'enfant ne sont pas promulguées", a mis en garde M.Khiati. Le président de la Forem a également demandé l'institutionnalisation du filtrage automatiques des sites internet jugés "dangereux pour les enfants". Il s'agit, selon M. Khiati, d'obliger les vendeurs de l'outil informatique d'intégrer le logiciel du filtrage avant chaque vente et d'en informer les parents. En plus, le président de la Forem a mis l'accent sur l'importance des espaces propriétaires sécurisés, dédiés aux jeunes enfants, qui restreignent la navigation à une liste exhaustive de sites préalablement validés et dont le contenu est vérifié régulièrement. Des tapis souris dotés d'informations sur l'utilisation de l'internet seront distribués dans les écoles et établissements scolaires à compter de la prochaine rentrée scolaire pour une meilleure sensibilisation des dangers du Net. Des experts nationaux et étrangers prennent part à l'atelier organisé par l'Union internationale des télécommunications (ITU), région arabe.