Les manifestations organisées en France dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie sont entrées dans une phase très active au premier jour du week-end de ce côté-ci de la Méditerranée. L'événement d'hier (samedi) est sans contexte le colloque organisé par le Groupe d'amitié France-Algérie, que préside le sénateur Claude Domeizel.Les participants à ce colloque, qui s'est tenu au palais du Luxembourg, ont eu à intervenir et débattre sur le thème «Algérie-France : comprendre le passé pour mieux construire l'avenir». Au programme, quatre séances se succédant dans la continuité historique : L'Algérie entre colonisation et assimilation, L'inéluctable indépendance ?, Comment réconcilier les mémoires ?, Et maintenant ?, Quelles leçons tirer de l'histoire pour l'avenir des relations Franco-Algériennes ?Comme l'a souligné Domeizel dans sa conclusion des travaux c'était «un débat dense, riche, parfois mouvementé, mais émouvant». Il faut dire que les intervenants ont évité toute langue de bois, ils se sont exprimés sans complaisance portant ainsi un regard lucide sur l'histoire coloniale de la France en Algérie et les conditions à réunir pour une coopération algéro-française exemplaire. Des historiens comme Gilles Manceron, Joelle Hureau, des sénateurs, hommes politiques ou diplomates, Jean-Pierre Chevènement, Sid-Ahmed Ghozali, Denis Bauchar, Bariza Khiari, et autres professeurs d'université ont tous considéré que le temps est venu de regarder l'histoire en face, que la France doit reconnaître ses torts et ses erreurs soldant les 132 ans de colonialisme. C'est cette longue période de la nuit coloniale qu'a fait ressortir l'ancien Premier ministre algérien en déclarant qu'«il ne faut pas demander aux Algériens de formater leur mémoire». «Le problème de la mémoire, a-t-il ajouté, ce n'est pas seulement les sept années de guerre mais les 132 ans d'occupation. Veut-on occulter 125 ans ?» «La France a voulu s'étendre, assimiler, coloniser dans la négation de la personnalité algérienne», a complété J.P. Chevènement. Pour Domeizel, le moment est venu «pas de la repentance, pas d'une contrition mais de la reconnaissance des erreurs que nous avons commis». «Il faut reconnaître ce qui s'est produit (…) cinquante ans après, le temps est venu de regarder l'histoire en face. La France se grandit en reconnaissant ses fautes», a ajouté le sénateur. Confiant dans la volonté du président François Hollande, qui devrait se rendre en Algérie en automne, selon le diplomate Denis Bauchard, l'intervenant croit que «c'est le moment de franchir une nouvelle étape, que les mots sortent, soient prononcés par le premier personnage de l'Etat», car il est «important d'entendre la voix de la France qui aura une portée considérable». Liant le passé au présent Chevènement a estimé qu'«il faut prendre des initiatives, le gouvernement est prêt, le président de la République avec lequel je me suis entretenu également, le contexte est aujourd'hui favorable».A la lumière de ce consensus des participants au colloque sur la nécessité de voir la France faire un geste fort dans la reconnaissance des effets de sa colonisation de l'Algérie, plusieurs participants ont axé leurs interventions sur les perspectives qu'ouvrirait une telle donne pour l'évolution favorable des relations entre les deux pays. Les potentialités sont reconnues immenses dans tous les domaines de coopération, économique, humaine, culturelle, universitaire, etc…Mais, pour Chevènement il y a une condition : «Il faut penser l'avenir à la lumière d'une idée simple : l'égalité.» Autre condition posée par Ghozali : «Il faut se fonder dans l'intérêt des peuples.»