De retour au Théâtre de verdure Saïd-Mekbel du Bois des arcades, à Riadh El Feth, après une édition «spéciale» à Tlemcen pour la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», le Festival international de musique diwane qui est déjà à sa 5e édition, s'est ouvert dimanche dernier.C'est face à des gradins à moitié pleins que l'artiste Samira Brahmia a ouvert le bal. Mais l'afflux timide des spectateurs n'a pas empêché la chanteuse de chauffer les présents en interprétant, encore une fois, ses titres les plus connus dont le public a fini par apprendre les paroles par cœur. Guitare en bandoulière, Samira Brahmia chantera, entre autres, Djoudna dont elle est l'auteur-compositeur ainsi qu'Allah idawi, une reprise de Youcef Boukella qu'elle a fini par s'approprier. Idolâtrée par les jeunes pour ses mélodies entraînantes et ses paroles touchantes, Samira Brahmia a bien chauffé la foule avant d'être rejoint par la troupe Fanfaraï. Ensemble, ils créeront une ambiance de fête, qui ne s'accorde pas beaucoup avec l'esprit et la philosophie du diwane dont seul le volet final prend le ton festif.Venue de France, Fanfaraï est une formation qui a opté pour l'originalité. C'est une fanfare qui revisite les classiques du répertoire musical algérien. C'est une manière judicieuse de «faire découvrir la musique algérienne aux français en utilisant une composante instrumentale qu'ils connaissent déjà», expliquera Samir Inal, percussionniste et membre fondateur de la troupe.Avec Samira Brahmia au chant, Fanfaraï a fait une entrée très remarquée avec le titre Chahlet Layani. Après ce morceau, la chanteuse s'éclipse cédant la scène à Fanfaraï. Rappelant des formations telles que l'Orchestre national de Barbès (ONB) ou encore Gaâda diwane Béchar, pour les costumes et les jeux de scènes, Fanfaraï a présenté au public algérois un medley regroupant plusieurs styles. Il a interprété, entre autres, Idha nzor nebra et Zerga ou'mesrara avant d'entamer un morceau kabyle Ach'dhah, ach'dhah a Taous. Le public, pas très exigeant, ne s'offusquera pas que le diwane ne soit présent dans la soirée que par le nom. Il y avait du son, il y avait du rythme, on n'en demande pas plus. La piste de danse est là pour être occupée, et elle le sera. On se croirait dans une fête de mariage et non dans la qaâda diwane qu'on était censé avoir.Après le passage de Fanfaraï, qui a assurément trouvé la bonne formule pour accommoder les musiques traditionnelles et leur donner cette touche exotique folklorisante, dont raffolent les publics étrangers, français particulièrement, l'ambiance s'apaise. Le maître de la kora, le guinéen Ba Cissoko, impose le calme et redonne à la soirée une atmosphère plus détendue. Héritier d'un savoir-faire ancestral, Ba Cissoko offrira au public un véritable voyage spirituel dans son univers de griot avec ses mélodies enchanteresses.Cette première soirée, qui s'est ainsi terminée sur de bonnes notes, suscitera des réactions mitigées. Les fêtards ont apprécié le style dansant de Fanfaraï et Samira Brahmia et décroché avec le griot guinéen, alors que les puristes et les inconditionnels du gnawi et du diwane ont, au contraire, eu en Ba Cissoko la consolation qui a quelque peu compensé leur déception. Le Festival international de musique diwane se poursuit jusqu'au 14 juillet. On retrouve à l'affiche ce soir mâalem Hassan Boussou et Fatoumata Diawara. Le prix du billet est fixé à 300 dinars. W. S.