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Le général Gaïd Salah pour une solution à la crise malienne dans un cadre régional
Bamako invite au dialogue «les Maliens aux côtés ou opposés aux gens d'Aqmi»
Publié dans La Tribune le 13 - 07 - 2012

«La crise que traverse le Mali engendre des répercussions négatives sur la situation sécuritaire dans notre sous-région et elle gagnerait à être réglée dans les meilleurs délais possibles afin que nos amis maliens puissent renouer avec la stabilité politique», a déclaré le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP). Gaïd Salah, qui a représenté l'Algérie dans la réunion ordinaire du Conseil des chefs d'états-majors des pays membres du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc), tenue mardi et mercredi derniers à Nouakchott, a ajouté que «le devoir de voisinage, de fraternité et d'amitié nous recommande, ainsi, d'assurer les Maliens de notre solidarité, aide et assistance, en termes de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée». Il a réaffirmé que l'ANP, en sa qualité d'institution républicaine de l'Etat algérien, «s'inscrit en droite ligne des positions fermes et franches prises au plus haut niveau de l'autorité politique, et considère que la solution à la crise malienne ne peut être que politique, décidée par les Maliens eux-mêmes et conformément à leurs intérêts nationaux en tant qu'Etat souverain». À ce propos, il a rappelé les principales actions arrêtées par les plus hautes instances politiques des pays de la sous-région, au sein des organisations régionales et continentales et par l'Organisation des Nations unies. «Elles se sont exprimées à l'unanimité pour une solution politique de la crise malienne dans le strict respect de l'unité territoriale de ce pays voisin et ami et l'obligation d'un retour rapide à la légalité constitutionnelle, en ce qu'elle est le cadre normal pour le règlement de la situation de vacance institutionnelle qu'il traverse», a-t-il dit. Le général Gaïd Salah a ajouté «les actions ainsi arrêtées ont réaffirmé clairement et expressément l'attachement des pays de la sous-région à la prise en charge de cette crise dans le cadre régional, position irréversible qui se veut le fondement même de notre stratégie de coopération et de coordination des actions de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée». Evoquant la stratégie adoptée par le Cemoc, le chef d'état-major de l'ANP a affiché sa conviction qu'elle demeure d'actualité et conserve toute sa pertinence. «Cette stratégie passe en premier lieu par la prise en charge de la menace terroriste par chacun de nos pays à l'intérieur de son territoire, et ce, en comptant, en premier lieu, sur ses propres forces et moyens, tout en s'inscrivant, bien entendu, dans une dynamique d'ensemble qui repose sur la coordination, l'entraide mutuelle, l'assistance et la conjugaison des efforts, particulièrement en matière d'échange de renseignements», a conclu le général Gaïd Salah. Dans le même sillage, il semblerait que Bamako reprend les choses en mains en décidant de saisir la semaine prochaine la Cour pénale internationale (CPI) face aux «atrocités» commises par les groupes armés qui occupent le nord du pays. L'annonce a été faite jeudi dernier par un haut responsable du ministère malien de la Justice. Mais pas seulement, le Premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra, en visite jeudi au Niger, a souhaité qu'un dialogue s'ouvre «très rapidement» avec ceux qui dans le nord du Mali sont prêts à «combattre le terrorisme». «Nous sommes prêts à commencer le dialogue avec nos frères maliens qui se trouvent sur le terrain aux côtés ou opposés aux gens d'Aqmi», a déclaré M. Diarra, à l'issue d'un entretien avec le chef de l'Etat nigérien Mahamadou Issoufou. Il a souhaité que «ce dialogue puisse commencer très rapidement et nous permette de combattre le terrorisme, qui non seulement a atteint le Mali mais menace toute la sous-région». Le chef du gouvernement malien a indiqué avoir discuté avec M. Issoufou de la nécessité de «mobiliser» les voisins du Mali, l'Afrique et la communauté internationale «pour venir nous aider à regagner l'intégrité territoriale du Mali». Il s'est également adressé aux 400 militaires maliens présents sur le sol nigérien sous l'égide du colonel Alaji Ag Gamou. Ces hommes devraient intégrer l'armée africaine qui serait mise en place dans le cas où une décision d'intervention est prise. D'ailleurs, dans le même ordre d'idée, le président tchadien Idriss Deby a souhaité la mise en place d'une force de l'Union africaine, avec l'appui de l'ONU et de l'Otan, pour «combattre les terroristes» dans le nord du Mali, tout en négociant avec les rebelles touareg. Il a également précisé que «le Tchad n'enverra pas de troupes au Mali sous la bannière de la Cédéao (la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest)». «Il faut sauver les Touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla), avec qui on peut discuter et qui sont en train de se faire engloutir par les islamistes, et négocier avec eux une sortie de crise qui ne soit pas une partition du Mali. Et il faut combattre les terroristes avec une force suffisamment dissuasive», a détaillé le président tchadien. Et alors que Bamako et ses alliés africains cherchent le meilleur moyen pour coordonner leurs efforts afin de trouver une solution à la crise malienne, en France, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a averti que l'usage de la force dans le nord du Mali était probable «à un moment ou à un autre». M. Fabius a expliqué qu'au Mali, il fallait «essayer de rétablir la légalité constitutionnelle au Sud», évoquant les «efforts de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union africaine (UA), appuyés maintenant par une résolution (du Conseil de sécurité) de l'ONU (...) pour faire qu'il y ait un gouvernement inclusif, pour que la junte soit mise hors-la-loi». Une telle intervention serait menée par des Africains avec un soutien international, a-t-il précisé. «La France pour des raisons évidentes ne peut pas être en première ligne» de cette éventuelle intervention, selon M. Fabius, qui a fait valoir «le risque d'une réaction contre le colonisateur» français. Pour rappel, le Conseil de sécurité de l'ONU a, dans une résolution adoptée la semaine dernière, appelé à des sanctions contre les rebelles du nord du Mali qui s'allieraient à Al-Qaïda. La résolution soutient pleinement les efforts de la Cédéao et de l'UA pour régler la crise au Mali mais elle ne leur donne pas encore de mandat de l'ONU pour déployer une force africaine contre les rebelles.
H. Y.

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