Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani «Nous faisons cela pour aider nos frères dans le besoin, pour qu'ils puissent passer un Ramadhan sans trop de soucis. Nous nous déplaçons chaque jour pour collecter des produits alimentaires auprès des âmes charitables et, hamdoulillah, les gens nous font confiance et font des dons. C'est un élan de solidarité incomparable qui s'exprime pendant ce mois sacré et nous en sommes très heureux. Que Dieu récompense tous ceux qui aident leurs frères et qui le font par conviction.» C'est en ces termes qu'un président d'association caritative, à Annaba, nous a décrit son action qu'il dit désintéressée parce que pour lui et les membres de son institution, aider les autres est un devoir de musulman en cette période de jeûne. La chaîne de solidarité qui s'est organisée à l'approche du Ramadhan a donné lieu à la mise en place de restaurants qui ouvriront leurs portes le premier jour du mois sacré. Ils accueilleront voyageurs, SDF et tous ceux qui ne peuvent rompre le jeûne chez eux en plus de distribuer des repas chauds aux familles nécessiteuses qui ne veulent pas se déplacer. D'autres ont choisi de prendre contact directement avec les familles défavorisées pour leur remettre de l'argent, chez eux dans la discrétion pour qu'ils puissent faire face aux dépenses pendant ce mois. «En agissant ainsi, nous mettons à l'abri ces familles, nous préservons leur dignité. Vous savez, il y a des familles qui préfèrent mourir de faim que de tendre la main à autrui, nous les respectons et nous les comprenons et c'est pourquoi notre action se fait dans la discrétion totale. Vous savez, l'année passée, devant le refus d'un père de famille d'accepter une somme d'argent que nous voulions lui remettre nous avons été obligés de glisser cet argent très tôt le matin sous la porte de son appartement. De la sorte, il ne sait même pas d'où il vient et nous étions très heureux d'avoir accompli notre mission», nous dit un autre responsable d'une association de bienfaisance qui, lui aussi, préfère garder l'anonymat, convaincu qu'il est que son action il l'a faite juste pour aider et n'attend rien en retour. Côté officiel, ministère concerné, DAS, Croissant-Rouge, wilaya, communes, Scouts musulmans, sociétés nationales et entreprises ont organisé une véritable chaîne de solidarité pour toucher près de 25 000 familles recensées comme vivant au dessous du seuil de pauvreté, familles sans revenus, pupilles de l'Etat, SDF, orphelins, handicapés, nécessiteux, victimes du terrorisme. Plus de 24 000 couffins sont prévus et seront distribués durant la semaine en cours dans les 12 communes que compte la wilaya de Annaba Pour Mme Mayouche, première responsable de la direction de l'action sociale (DAS) de Annaba, «la solidarité est une tradition chez le peuple algérien. Nous ne faisons que l'organiser et la canaliser pour que tous ceux qui sont dans le besoin puissent passer dans de bonnes conditions le mois sacré du Ramadhan, du moins pour les dépenses quotidiennes». Il faut dire que malgré la mobilisation quasi générale, cette solidarité organisée et contrôlée par les services de la DAS et les élus ne suffit apparemment pas au vu du nombre de familles nécessiteuses dans cette grande wilaya de l'est, considérée comme étant un pôle économique important. Il suffit de voir la foule d'individus se bousculer au niveau des couloirs de la DAS et des communes, pour comprendre que tout l'édifice social est en train de vaciller et menace de s'effondrer. Ces dernières années, malgré l'embellie qu'ont connue certains secteurs avec une augmentation toute relative des postes d'emploi, la situation ne s'est guère améliorée et des pans entiers de la société ont plongé dans la misère, si bien que l'on voit le nombre de mendiants se multiplier et parfois même des gens fouiller dans les poubelles pour se nourrir. Une situation qui n'est pas digne d'un pays comme le nôtre, un pays très à l'aise financièrement et dont une partie de la population peine à couvrir des dépenses somme toute tout à fait normales. Ce qui aggrave encore plus la situation de ces catégories défavorisées est cette flambée des prix qui survient chaque année à l'approche du mois sacré de Ramadhan. Et, cette fois, c'est pire puisque l'on assiste à une sorte d'entente tacite entre commerçants qui pratiquent des prix prohibitifs. Le la est donné avec les viandes rouges et blanches qui atteignent des seuils jamais égalés jusque là, à 1200 DA le kilo de viande rouge et 370 DA pour le poulet, cela devient inaccessible voire interdit pour les petites bourses. La régulation du marché par l'Etat, dont c'est le rôle, tarde à venir et pendant ce temps la valse des prix fait des siennes; Des prix fous, fous…