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La Tunisie n'«est pas tombée dans l'escarcelle de l'islamisme, mais dans celle de la démocratie» Le président tunisien l'a affirmé hier devant l'Assemblée française
Le président tunisien Moncef Marzouki a déclaré hier, à la tribune de l'Assemblée nationale française, que la Tunisie, où le parti islamiste Ennahda est au pouvoir, n'était pas tombée «dans l'escarcelle de l'islamisme» mais «dans l'escarcelle de la démocratie». «La question qu'on me pose souvent : est-ce que la Tunisie est tombée dans l'escarcelle de l'islamisme ? La réponse est non, la Tunisie est tombée dans l'escarcelle de la démocratie», a-t-il dit, sous les applaudissements des députés français. Il a ensuite affirmé que seule «une fraction de la France officielle a soutenu la dictature» qui a «opprimé» les Tunisiens, en référence au régime de l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali. «Mais la part majeure, essentielle, de la France (...) nous a soutenus autant qu'elle le pouvait et accompagnés aussi loin que possible jusqu'à la chute du tyran», a-t-il estimé, avant d'exprimer «gratitude et affection» à cette France-là. M. Marzouki avait fait ses études en France où il fut réfugié pendant dix ans. Ce discours est le premier d'un dirigeant étranger devant l'Assemblée nationale française depuis 2006. Il s'agit du moment fort de sa visite en France destinée à donner un nouveau départ aux relations entre Paris et Tunis. La France et la Tunisie ont donc affiché leur volonté de nouer une nouvelle relation à l'occasion de cette première visite du président tunisien Moncef Marzouki à Paris, au cours de laquelle François Hollande l'a encouragé à assurer la «transition» démocratique dans son pays. Le président Marzouki effectue jusqu'à jeudi (aujourd'hui) une visite à haute portée symbolique destinée à lever une bonne fois pour toutes le malentendu créé par le soutien de Paris à l'ancien régime du président Ben Ali jusqu'au lendemain de la révolution. Alors que les dirigeants français successifs ont toujours eu des relations privilégiées avec le père de l'indépendance tunisienne, Habib Bourguiba, puis avec son successeur Zine El Abidine Ben Ali, la France, alors dirigée Nicolas Sarkozy, était dans un premier temps totalement passée à côté de la révolution en Tunisie en janvier 2011, tardant à condamner l'utilisation de la violence contre les manifestants. La rencontre de M. Marzouki avec le président Hollande a constitué le premier moment fort de cette visite de trois jours. «La Tunisie est en train de s'émanciper (...) elle a des chances d'un vrai développement économique, mais par-delà tous ces acquis, la Tunisie a retrouvé sa fierté et sa dignité», a déclaréM. Marzouki. De son côté, François Hollande l'a encouragé, «après le temps de la révolution», à «assurer le temps de la transition. C'est ce que vous êtes en train de traverser et la France doit être à vos côtés», lui a-t-il assuré. Se déclarant prêt à «rouvrir d'une autre manière que par le passé le dialogue entre Europe et Méditerranée», M. Hollande a affirmé que d'autres «formules» n'avaient «pas produit le résultat escompté». Il faisait ainsi allusion à la création de l'Union pour la Méditerranée, voulue par M. Sarkozy, mais qui a été impuissante à dépasser les blocages nés du conflit israélo-palestinien. R. I.