De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili
Avec la disparition momentanée du stade Benabdelmalek, CSC et MOC sont condamnés à évoluer sur la pelouse de celui situé à la périphérie de la ville, en l'occurrence le «17 Juin». En réaction à une telle mesure, la direction du CSC a, à chaque fois, affiché son mécontentement en raison du cachet impersonnel, voire déshumanisé qu'aurait et qu'avait effectivement l'imposante masse de l'OPOW qui abritait ledit stade sur les… performances de l'équipe. Pour le Mouloudia de Constantine, avec sa poignée de supporters, le problème ne se posait pas par voie de conséquence. Mieux, la galerie semblait y trouver son compte en ayant la possibilité de suivre la rencontre à son… aise. Ce qui n'est pas le cas des Sanafir, tout d'abord, en raison de leur nombre, supérieur à une quarantaine de milliers de fans en temps ordinaire et si les conditions d'accueil le permettaient et, ensuite, compte tenu de l'exubérance de sa galerie et des besoins d'esbroufe dont elle ne pouvait se départir. Le «17 juin» permet toute cette alchimie et facilite, par voie de conséquence, la gestion d'une immense foule sur le plan sécuritaire. Ce qui n'a jamais été le cas dès lors que les rencontres parmi les plus anodines de la compétition se déroulaient au stade Benabdelmalek. Toutefois, cette saison, les dirigeants du CSC, et à leur tête Mourad Mazar, ont salué cette décision d'autant que l'intronisation à la tête du club d'un président loin des conventions, pour ne pas dire anticonformiste, sinon très soucieux de son indépendance, a créé, voire remis à l'ordre du jour des attitudes gommées volontairement ou involontairement, c'est selon, ces dernières années. Il existe dorénavant et de manière effective une «Senfour attitude» qui a conduit à un effet boule de neige et incité les centaines de supporters, désabusés ces dernières années, à regarnir les travées du stade. Mourad Mazar, bien entendu, a saisi cette opportunité pour exploiter la marée humaine dont il dispose et a sollicité des responsables de l'OPOW une cession ponctuelle (location) de l'infrastructure à chaque fois que son équipe y disputait une rencontre. Il ne regrette pas de l'avoir fait, loin s'en faut, puisqu'il nous dira : «J'exagérerais en affirmant à l'heure actuelle que le club n'a pas gagné au change en optant pour une concession des infrastructures lorsqu'il évolue à Constantine. Toutefois, j'exagérerais certainement en soutenant qu'une telle initiative lui fournit aussi un pont d'or. En fait, l'un des casse-tête que j'appréhendais est surmonté grâce à cette option. Avec les rentrées financières de chaque rencontre, sur laquelle, est-il besoin de le préciser, le CSC n'épargne rien, nous nous acquittons de nos obligations face aux créanciers de la journée et surtout des primes et salaires des joueurs. Ce qui, excusez du peu, n'est rien comparé aux dures situations qu'ont vécues mes prédécesseurs. C'est vrai qu'il fallait seulement un peu de jugeote, de l'initiative, pour ne pas dire une certaine forme d'entreprise individuelle». Et dans la foulée, notre interlocuteur de souligner encore une fois : «C'est sans doute du gagnant-gagnant pour des gagne-petit mais ce n'est pas mon objectif. Le stade du 17 juin est immense et il y a moyen de rentabiliser au grand maximum ses potentialités au cours d'une rencontre, mais c'il est également un véritable gruyère, en ce sens que tout le monde peut y accéder par n'importe où. Sa conception a été très mal pensée et les aménagements qui y ont été effectués par la suite n'ont finalement rien réglé.»
La location, une mesure réglementaire, mais jusqu'à quand ? «Pis, poursuivra M. Mazar, de récents aménagements ont abouti à une véritable calamité et je m'étonne que les responsables concernés, sinon le premier, en l'occurrence le directeur de l'urbanisme [aujourd'hui au même poste à Skikda, ndlr] n'ait pas fait l'objet d'une mesure administrative contraignante. Ce qui a été fait pendant près de deux ans et a occasionné une hémorragie financière du Trésor public est scandaleux. Seule la pelouse a été réparée et le citoyen lambda de s'interroger sur tout le temps mis pour une pseudo-restauration de tout le stade». Si Mazar ne se suffit pas, et il a sans doute raison, de la bouffée d'oxygène obtenue grâce aux recettes réalisées à chaque fois que son équipe évolue à Constantine, la direction du stade, à travers son premier responsable, en l'occurrence M. Zertal Boubekeur, n'est pas non plus satisfaite de la solution. «Effectivement, face à l'insistance des dirigeants du CSC, nous avons opté pour la location, ce qui en soi est une mesure réglementaire, avec la latitude toutefois de garder la mainmise sur des parties stratégiques du stade, à l'image de la chaudière, de la gestion de la tribune officielle et de certains autres endroits sensibles. C'est donc au locataire ponctuel de prendre en charge toutes les… charges. En fait, toutes les dispositions sont couchées noir sur blanc dans la convention où les droits et devoirs de chaque partie sont consignés afin d'éviter tout malentendu ou contentieux». Une partie du personnel du stade, affectée à l'activité en cours de rencontre «est également prise en charge sur le plan pécuniaire», tiendra à rappeler Mourad Mazar. Quant à Z. Boubakeur, il aurait souhaité que «son administration garde, par devers ses attributions, la gestion de la structure», sans trop s'étaler sur les raisons d'une telle conviction. Mais vraisemblablement, il s'agit des risques de détérioration qui pourraient découler de l'issue malheureuse d'une rencontre et des actes de vandalisme d'une foule incontrôlable. Rappelons enfin l'omerta qui semble frapper l'information autour de l'enveloppe budgétaire ou de l'investissement réalisé par les pouvoirs publics après deux ans de fermeture du stade. Car, comme le soulignait superbement Mazar, seule la pelouse du stade semble avoir bénéficié d'une réelle restauration. Quant aux structures d'accompagnement, dans l'une de ses éditions la Tribune s'est déjà fait l'écho de la mauvaise qualité des travaux réalisés dans les vestiaires, le tunnel d'accès au terrain, la pelouse elle-même, soulignant que le pire restait à venir, notamment en période où les conditions climatiques seraient moins clémentes. Et à juste titre, pour préserver au maximum une pelouse si chère, dans tous les sens du terme. D'autant qu'il n'existe pas de solution de rechange depuis la fermeture du stade Benabdelmalek. En attendant, MOC et CSC s'entraînent à la forêt d'El Baaraouïa, un site extraordinaire situé à 10 km de la ville.