Alors que la Syrie est plongée dans une guerre d'usure fatale pour son existence, le bras de fer entre Russes et Occidentaux se poursuit. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a vivement dénoncé la position des Etats-Unis à l'égard de la crise sanglante en cours en Syrie comme étant une «justification du terrorisme». Critiquant Washington sur le fait de n'avoir pas condamné l'attentat du 18 juillet à Damas, Moscou ne s'est pas gardé de dire ses vérités. «C'est une position assez horrible», a déclaré Lavrov en évoquant cet attentat dans lequel plusieurs hauts responsables du régime syrien ont été tués. Le chef de la diplomatie russe a particulièrement critiqué l'attitude de l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, affirmant qu'elle s'était limitée à dire, après l'attentat de Damas, que le Conseil de sécurité de l'ONU devait voter une résolution imposant des sanctions à la Syrie. «En d'autres termes, cela signifie que les Etats-Unis vont continuer de soutenir de tels actes terroristes aussi longtemps que le Conseil de sécurité ne fera pas ce qu'ils veulent», a souligné Lavrov. Trois hauts responsables en Syrie ont été tués dans cet attentat spectaculaire. Un quatrième, le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar, a succombé vendredi à ses blessures. Le département d'Etat US n'avait pas clairement condamné cette attaque, le porte-parole Patrick Ventrell s'étant limité à déclarer que «les Etats-Unis ne voulaient pas davantage d'effusion de sang en Syrie, mais que ces hommes (tués) étaient les principaux architectes de l'agression du régime d'Assad contre le peuple syrien». Les Occidentaux se sont retrouvés en effet dans une situation fort embarrassante suite à l'attentat. Condamner ou pas un acte à la nature explicitement terroriste. La Russie a également condamné les nouvelles sanctions imposées lundi par l'Union européenne contre la Syrie, les qualifiants de «blocus». Ces mesures comprennent notamment de nouveaux gels d'avoirs, ainsi que «l'obligation de contrôle des navires et aéronefs soupçonnés de transporter des armes à destination de la Syrie». La Russie a réitéré son hostilité aux sanctions unilatérales qu'elle juge «contre-productives». Les sanctions de ce type «ne contribuent pas à normaliser la situation en Syrie et ne correspondent ni à la lettre ni à l'esprit du plan de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan», tient à souligner Moscou. La Russie, partenaire de longue date de la Syrie, a bloqué la semaine dernière une troisième fois une résolution contre la Syrie voulue par les Occidentaux au Conseil de sécurité de l'ONU. La Russie affirme défendre le respect du droit international. Un droit international à géométrie variable. En effet la position russe qui scandalise tant les Occidentaux rappelle tellement le veto américain systématiquement brandi quand Israël est au banc des accusés. Lundi, le président Vladimir Poutine a mis en garde contre une guerre civile de longue durée en Syrie au cas où le président Assad était démis de ses fonctions de manière «inconstitutionnelle». M. B./Agences.