Après avoir tenu tout le monde en haleine des mois durant, le MSP a finalement annoncé son soutien à l'initiative présidentielle de réviser la Constitution. Vendredi, au sortir d'une session ordinaire de son conseil national, Bouguerra Soltani s'est toutefois mis dans une position confortable. D'abord, en imputant la paternité de la décision au conseil national, en émettant le souhait ensuite que la révision de la Constitution intervienne dans le cadre d'une réforme globale qui inclut l'émancipation des libertés et les droits de l'Homme. Pour rester dans la même logique, qui l'a vu tergiverser jusqu'au dernier moment, le MSP a pris nombre de dispositions techniques pour suivre l'évolution du dossier jusqu'à ce que soit rendue public le contenu de la nouvelle mouture de la Constitution. Son conseil national en session ouverte se réunira alors pour décider de la façon de prendre part à la campagne de sensibilisation, comme annoncé par M. Soltani. L'achèvement de la restructuration des bureaux communaux et de wilaya ne peut que mieux servir cette cause, connaissant le degré de mobilisation et d'efficacité des structures du parti sur le terrain de la proximité. Dans l'attente de développements «sur la scène nationale», qui renvoient, en de termes sibyllins, aux bruissements en provenance d'«en haut», le MSP s'est astreint donc à une position de «wait and see» qui le renseignera sur les intentions du président de la République, sachant qu'il n'a pas encore annoncé sa candidature. Point de suspense là-dessus, on devine aisément vers quel candidat ira le soutien du MSP, ce parti qui a soutenu par deux fois la candidature de Abdelaziz Bouteflika, en 1999 et 2004. Il est vrai que la décision cadre mieux avec la traditionnelle position du parti, mais il est utile de rappeler qu'elle constitue l'un des points d'achoppement avec l'autre aile du parti qui souhaiterait présenter un candidat du cru. Ce qui n'ira pas sans causer des dommages, puisqu'elle aggrave les dissensions internes avec l'autre aile commandée par Abdelmadjid Menasra, incontestablement en rupture de ban avec les structures du parti depuis la réélection de Bouguerra Soltani au dernier congrès du parti. L'ancien concurrent à la course au leadership du MSP est décidément le plus grand absent des instances du parti, notamment le conseil national, au côté de ses sympathisants au sein de cette formation islamiste. Réfractaire à la ligne du parti, dont le président cumule les fonctions de président et de détenteur d'un portefeuille ministériel, l'ancien ministre de la PME ne se fait plus d'illusions sur les intentions de soin rival. Il décide tout bonnement de passer à l'offensive en joignant sa parole à celle des fondateurs pour lancer un appel demandant le départ de M. Soltani. Mal leur en prit, ce dernier, fort de l'appui des instances qu'il a lui même désignées, notamment le bureau national qu'il a désigné, et du conseil national, sait qu'il est inamovible jusqu'au prochain congrès au moins. En invitant ses détracteurs à lui porter la contradiction au sein des instances du parti, Soltani semble vouloir «laver le linge sale en famille», loin des pressions des médias saisis à propos des multiples bouleversements de la situation interne du mouvement. Le conseil national, sur lequel beaucoup d'espoirs ont été mis pour régler le différend interne, a finalement perpétué le statu quo d'avant, sinon conforté la direction dans sa fuite en avant qui consiste à user de la politique du «bâton et de la carotte» pour venir à bout d'une contestation qui va en s'organisant, en faisant même craindre le pire pour l'unité du parti. La réponse des contestataires ne tardera pas à se faire jour. A. R.