Moins de deux mois après son élection à la tête du Mouvement pour la société et la paix (MSP), Bouguerra Soltani semble avoir conforté plus que jamais son règne. Un madjliss echoura (conseil consultatif) renforcé par de nouveaux membres qui lui sont acquis et une opposition réduite à sa simple expression au sein de cette structure suprême du parti, qui vient de clôturer sa première session ordinaire (3, 4 et 5 juillet derniers). Une session, faut-il le rappeler, qui s'est tenue en l'absence de 165 membres sur 259. « Ces défections ne peuvent avoir des répercussions sur le déroulement de la session. Les réunions du madjliss sont toujours marquées par des absences et cela n'empêche en rien la poursuite des travaux », a affirmé hier Abderrahmane Saidi, président du madjliss echoura, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec Bouguerra Soltani, au siège du parti à Alger. « Il est à signaler que parmi les absents, 12 ont signé des procurations à leurs camarades et 15 ont justifié leur défection », a relevé M. Saidi. Néanmoins, ce dernier a révélé qu'une commission de discipline a été instituée dans le but de faire appliquer le règlement intérieur du parti en cas d'absences répétées sans pour autant évoquer une quelconque sanction à l'égard des réfractaires. Abondant dans le même sens, Bouguerra Soltani en a profité pour adresser à ses « adversaires » une mise en garde à peine voilée. « Dorénavant, tous les débats, critiques ou avis doivent se faire au sein des instances du parti. Jamais en dehors. Il y a une discipline partisane à respecter », a-t-il lancé. Interrogé sur la position de son parti concernant la participation de l'Algérie à l'union pour la Méditerranée (UPM), Bouguerra Soltani a répondu : « Nous refusons juste que cette initiative soit utilisée comme moyen de normalisation avec Israël ou au détriment de la cause palestinienne. L'Algérie fait partie de nombreuses organisations non gouvernementales et lorsque ses intérêts sont touchés, elle peut émettre des réserves. Nous avons dit qu'il y a encore de l'ambiguïté dans cette initiative qui mérite d'être expliquée. » Pour Bouguerra, le dernier remaniement gouvernemental « n'est pas un changement », estimant que le Président « n'a fait qu'user » de son droit constitutionnel « en nommant Ahmed Ouyahia nouveau chef du gouvernement et en procédant au changement de quelques ministres appelés à appliquer le même programme ». Interrogé sur son engagement à se consacrer uniquement aux affaires du parti, exprimé publiquement lors du dernier congrès du MSP, Bouguerra Soltani a souligné qu'il a soumis cette question au madjliss echoura. « Cependant, ce point précis a été élagué du débat, estimant qu'être ministre et en même temps chef de parti n'est pas contradictoire. Amar Ghoul qui est ministre et en même temps responsable des élus honorait ses charges correctement. » Interpellé sur ses déclarations relatives à son mécontentement devant le bilan du gouvernement, Soltani a affirmé qu'« il y a des choses excellentes qui ont été faites, comme la construction des écoles, de l'aéroport d'Alger, la réalisation de l'autoroute Est-Ouest ou encore la réduction de la dette algérienne de 28 milliards de dollars à 4 milliards. Néanmoins, nous pensons que cela reste insuffisant. Nous n'étions pas les seuls à l'avoir relevé. Belkhadem, en tant que chef de gouvernement, l'a dit. Ouyahia et même le Président l'ont également souligné. Nous avons dénoncé la médiocrité qui reste encore de mise ». Le chef du MSP est resté très diplomate au sujet de la révision constitutionnelle. Il a juste déclaré qu'il attendait « comme tout le peuple algérien » que le Président se prononce sur la question à l'occasion du 5 Juillet, fête de l'indépendance. « Mais puisque Errais (le Président) n'a rien dit, il est du devoir des Erraiya (les subordonnés) de se taire », a t-il noté. Interrogé sur les révélations qu'il s'est engagé à faire à propos des dossiers de corruption, Soltani a tout simplement indiqué les avoir tous remis aux membres du madjliss echoura de son parti. « J'ai tout remis au madjliss et à ce titre je n'ai plus rien à dire, puisque c'est à lui de faire ce qui est jugé nécessaire », a-t-il précisé, en reconnaissant en filigrane que ces dossiers sont désormais clos. Pour Soltani, l'Alliance présidentielle est toujours fonctionnelle même si la date de la prochaine réunion n'est pas connue. « Maintenant tout le monde est au repos politique. Mais dès qu'Ahmed Ouyahia nous informera de la tenue de la réunion, elle aura lieu. Cela ne se fera certainement pas dans l'immédiat... », a t-il estimé.