C'est déjà quasi certain : la campagne moisson-battage 2008 ne donnera pas de résultats satisfaisants. Le ciel n'a pas été clément cette année. Dans l'ouest du pays, notamment du côté de la plaine du Sersou, région à prédominance céréalière dans la wilaya de Tiaret, les agriculteurs versés dans la culture de céréales ne se font plus aucune illusion : la moisson sera insignifiante. A l'Est, le satisfecit ne sera pas au rendez-vous. Du coup, on sera loin des 37 millions de quintaux de céréales récoltés l'année dernière pour des besoins de consommation estimés à 60 millions de quintaux. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), en raison de son rôle de régulateur du marché national en blé, se retrouvera contraint de revoir à la hausse ses volumes d'importations. Un effort supplémentaire d'achat qu'il sera facile à l'Etat de surmonter, du moins pour cette année, dès lors qu'on est loin des cotations record de février dernier (les cours avaient atteint les 13,80 dollars le boisseau (52 kg) puisque, depuis cette période, le blé a reculé pour être à 7,70 dollars (livraison juillet). Néanmoins, il faudra s'attendre dans les mois qui viennent à des fluctuations de prix très importantes d'après des experts du marché international du blé. Et comme le pays est encore loin sinon dans l'impossibilité de sortir de sa très grande dépendance en matière de céréales, cela ne peut que grossir nos factures d'importation de céréales. En effet, parler aujourd'hui de perspective d'autosuffisance dans ce type de culture relève de la pure utopie. Et malgré la décision prise par le gouvernement de rapprocher les prix des céréales locales des cours internationaux, histoire d'encourager les céréaliers à produire plus, des études avancent que, dans les meilleures conditions, les récoltes ne peuvent dépasser les 50 millions de quintaux. Et si, en 2003, la campagne moisson-battage s'est soldée par une récolte de près de 41 millions de quintaux, c'est bien là une performance à inscrire dans les annales des records de production de céréales en Algérie. En outre, ce constat de dépendance incontournable à l'égard des importations de graminées pousse à dire que l'OAIC, seul importateur, verra sa mission de régulateur sur le marché du blé de plus en plus ardue à cause d'une demande en produits céréaliers en perpétuelle augmentation, démographie oblige, et d'autant plus relativement responsable des volumes de production des minoteries autant publiques que privées. En effet, meuniers, fabricants de pâtes alimentaires et producteurs d'aliments du bétail s'approvisionnent en grande partie chez l'office, sont, ces derniers temps, soumis à un quota d'approvisionnement instauré par l'OAIC depuis que les pouvoirs publics ont décidé de subventionner la semoule et la farine. Sur ce dernier sujet, il est bon de rappeler qu'en 2007 le gouvernement a dépensé 55 MDA pour stabiliser les prix de la farine et 90 MDA pour subventionner la semoule pour que les meuniers puissent vendre leur produit à des prix accessibles aux larges couches de la population. Reste à savoir pour combien de temps encore l'Etat continuera à subventionner la farine et la semoule et jusqu'à quel niveau, sachant pertinemment que les cours des blés de meunerie vont à coup sûr grimper. Z. A.