Alarmant ! C'est ainsi que l'on peut qualifier ce qui se passe dans nos clubs. Des revenus en nette baisse et des dépenses en hausse vertigineuse, les responsables, qu'on dit pourtant sans le sou, n'hésitent pas à s'arracher ce qu'il y a de mieux en matière de joueurs en y mettant des paquets d'argent tombé du ciel (comme par miracle) au moment où leurs clubs alignent les déficits. Sauf que nos rares pépites commencent, pour celles qui le peuvent, à fuir un championnat qui n'attire ni les investisseurs ni le public. Le marché des transferts dévoile bien des choses. Un football qui baigne dans l'informel et l'argent brassé d'on ne sait où et utilisé n'importe comment. Des sommes à 7 voire 8 chiffres apparaissent désormais dans les journaux et ne choquent presque plus. Un Eldorado et des personnages qui se font des fortunes dans un championnat (très) pauvre en spectacle. Les dirigeants traînent de faramineuses ardoises envers leurs prestataires de services entre transporteurs, hôtels ou restaurateurs, sans parler de dépenses dont on ne parle jamais. Mais, surtout, ne règlent presque jamais leurs joueurs jusqu'au dernier dinar. Pas un seul club ou presque qui soit à jour dans le paiement de ce qu'il doit à ses joueurs. La banqueroute s'impose-t-elle comme la solution face à cette situation ? Les quelques partenaires de clubs de football, les équipementiers notamment, sont confrontés à cette phobie nommée «contrefaçon». L'une des principales sources de revenus pour les clubs, le marketing, n'est pas ce qui se fait de mieux en Algérie. Pas de droits protégés sur la marque donc et l'argent public qui se fait rare, coule de moins en moins dans les caisses vides (du moins c'est ce qu'ils disent) des clubs. Pour ne rien arranger, le contrat décroché par la Ligue de football professionnel avec l'Entv ne va pas au-delà d'une somme «symbolique» évaluée à 210 millions de dinars. Pour illustrer la disparité qui existe dans l'environnement du sport-roi, la Fédération distribue le même forfait -une somme dérisoire- pour tous les clubs quel que soit le nombre de fois où leurs matchs sont retransmis à la télévision. Un «déséquilibre» qui renforce le manque de transparence et le flou dans lequel la balle ronde est plongée au risque de suffoquer d'un moment à l'autre. Cette bulle qui ne cesse d'enfler risque et peut exploser d'un moment à l'autre pour mettre en lumière bien des secrets et des cahiers des charges jamais respectés par la majorité des clubs. Jusqu'à quand cette situation va-t-elle perdurer ? A quand le grand nettoyage ? Des solutions s'imposent avant que notre football, déjà sous perfusion, ne sombre dans un coma profond. On n'en est pas loin. M. T.