Depuis le début du mois de Ramadhan, l'Etablissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger a ouvert les portes du Théâtre de Verdure, qu'il gère, au grand public qu'il convie à la manifestation qu'il y organise, Layali Mezghena qui revient encore cette année. Après le passage d'un grand nombre d'artistes représentant différents genres musicaux, les quelques dizaines de jeunes Algérois éparpillés dans l'amphithéâtre -qui peut en contenir 4 500-, a découvert, vendredi soir dernier, la formation P'tit Moh Project qui a fait, de la fusion jazz-châabi, sa marque de fabrique.C'est donc face à des gradins quasiment vides que la formation s'est produite ce soir-là. En effet, malgré le prix d'accès raisonnable proposé aux jeunes, le Théâtre de Verdure peine à fidéliser le public algérois, et cela en dépit de sa situation géographique pratique, la gratuité du parking et l'existence d'une cafétéria. C'est à se demander ce qui empêche les jeunes, réunis à l'extérieur autour d'une partie de dominos, de se rendre dans cet espace où ils peuvent consommer thé et café aux prix pratiqués partout. Il faut dire aussi que l'établissement n'a fait aucune campagne médiatique, sa communication se limitant à l'envoi de fax aux rédactions, sans se soucier de toucher un plus large public. L'Etablissement Arts et Culture se contente depuis quelques mois d'exister avec un minimum. Concernant la programmation, aussi éclectique soit-elle, elle a du mal à attirer les foules vu que ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent, et ce n'est pas des têtes d'affiches, il y a de quoi décourager les gens.Pour P'tit Moh Project, c'est à peine une cinquantaine de jeunes qui se sont déplacés au Théâtre de Verdure ! Mandole à la main, P'tit Moh, Mohamed Abdenour de son vrai nom, a eu du mal à accrocher le public, un public apparemment exigeant qui se méfie de ce fourre-tout qu'on appelle la fusion. Mandole, saxophone, tambourins et derbouka, le son de la formation est très jazzy qui mêle l'istikhbar chaâbi au diwane pour conclure par du jazz oriental, un genre qui commence à faire de nombreux adeptes en Algérie. Pas très travaillé, le jeu de la formation est resté assez monotone, plat. On devine des musiciens ayant la crainte d'improviser, surtout face à un public aussi restreint. Peinant à séduire le peu de gens éparpillés sur les immenses gradins, P'tit Moh s'arrêtera au bout d'une heure de concert, un concert que la plupart des jeunes présents n'ont pas suivi sérieusement tant la musique de la formation avait tout d'une musique d'ambiance. Avec le départ des musiciens aux alentours de 00h30, la plupart des présents sont restés sur leur faim et s'attendaient à voir un autre artiste monter sur scène pour terminer la soirée. Malgré le talent des musiciens, la formation P'tit Moh Project a été victime de la programmation. Les responsables auraient dû accorder au groupe un espace plus restreint, clos, qui aurait, peut-être, permis au public d'apprécier le concert dans un cadre plus intimiste et convivial. W. S.