La rentrée littéraire de septembre prochain sera notamment marquée par la réédition par Dar El Othmania de la mythique pièce théâtrale Le Banquet du défunt Mouloud Mammeri, qui met en scène la chute de la civilisation aztèque. Une œuvre exceptionnelle où il dresse un puissant réquisitoire contre le colonialisme. Cette pièce qui n'a été publiée qu'une seule fois en 1972, est une œuvre théâtrale culte dans l'histoire de la littérature algérienne, d'autant plus qu'elle est précédée d'un texte éveilleur des consciences sur les questions identitaires, en l'occurrence La Mort absurde des aztèques, dans lequel Mouloud Mammeri considère que leur histoire est la notre et que «depuis un demi-siècle nous avons mué et assez pour que les hommes prétendent décider du visage et du sens à donner à leur existence, plutôt que d'en subir comme jadis les absurdes conditions».Avec cette nouvelle publication la maison d'édition Dar El Othmania poursuit sa volonté d'œuvrer pour la promotion et la diffusion de la littérature algérienne, notamment en mettant à la disposition de la jeunesse algérienne et d'une toute nouvelle génération de lecteurs, les grandes œuvres de grands auteurs algériens tel Mouloud Mammeri et son mythique L'Opium et le bâton, un livre de référence quand il s'agit d'aborder la guerre de libération nationale et la lutte pour la liberté dans les villages de l'Algérie profonde. Une résonance amplifiée aujourd'hui, dans un contexte de célébration du cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie et de discours révisionnistes de certains. A propos de la remise sur les étals des librairies des ouvrages de Mouloud Mammeri, Othmane Flissi, le fondateur et directeur de Dar El Othmania, qui a acquis une longue expérience dans le domaine de l'édition à la Sned, puis chez les éditions Bouchène avant de décider de se mettre à son compte et créer sa propre maison d'édition, dira : «Depuis que je me suis lancé dans la réédition des œuvres de Mouloud Mammeri, je me suis rendu compte qu'il est le romancier dont les œuvres sont les plus vendues à titre posthume.» M. Flissi précise que les deux mille exemplaires par titre qu'il publie chaque année des grandes œuvres de Mouloud Mammeri comme Le Sommeil du juste, La Traversée et le recueil de nouvelles intitulé L'Escale, les stocks sont épuisés avant la fin de l'année. Othmane Flissi a également précisé, à propos des droits d'éditions, qu'il avait acquis l'exclusivité de la réédition des œuvres de Mammeri avec l'accord de la famille du grand homme de lettres. Grâce à cette acquisition, avec l'aval des héritiers de Mouloud Mammeri, l'éditeur donne une véritable leçon d'éthique et de conscience à certaines personnes qui avaient bafoué ces droits en piratant les œuvres de l'illustre auteur algérien et les ont publiées sans avoir consulté la famille de l'auteur.A propos du métier d'éditeur, Othmane Flissi, qui reconnaît que ce métier est un travail de longue haleine et nécessite beaucoup de ténacité, confie qu'il y a toutefois des lueurs d'espoir et des possibilités de réussite dans ce domaine en dehors des publications des ouvrages parascolaires et autres livres de cuisine.«Depuis quelques années, il y a un véritable regain d'intérêt des Algériens pour les romans et les récits personnels ou historiques écrits par leurs concitoyens. Un intérêt qui prend de plus en plus d'ampleur avec la célébration des événements symbolique a l'instar du cinquantenaire de l'Indépendance», soutient-il. C'est dans cet esprit que l'éditeur a publié récemment plusieurs ouvrages d'histoire, des romans de fiction et même des recueils de poésie à l'instar du livre sur Messali Hadj de Khaled Merzouk, Les Oubliés de l'histoire de Mohamed Hamoutène et de Amaliqa écrit par l'ancien boxeur de l'EN durant les années soixante dix, Mohamed Missouri, qui raconte sur plus de trois cents pages l'histoire de la boxe professionnelle dans le monde et plus spécifiquement en Algérie. Citons un autre livre sur l'histoire du sport en Algérie qui a été publié par les éditions Dar El Othmania, intitulé Les splendeurs du Mouloudia, 1921-1956 du défunt Rabah Saâdallah et de Djamel Benfars. Sans oublier les publications dédiées à la sensibilité de l'être à travers plusieurs recueils de poésie dont l'incontournable recueil de poésie satirique intitulé Poèmes pieds et poings liés d'Abderrahmane Lounès. S. A.