La crise financière et économique mondiale a remis sur le tapis la question de la finance islamique présente dans tous les débats. Le forum d'El Moudjahid a accueilli, hier, deux spécialistes en la matière qui ont animé une conférence au cours de laquelle ils ont mis l'accent sur l'importance de la finance islamique et annoncé par la même occasion la tenue d'une rencontre demain sur le même thème. D'emblée, M. Zoubeir Ben Terdeyet, consultant manager d'Islam Invest Consulting, a déclaré que «la finance islamique commence juste à être connue mais qu'elle connaîtra un grand essor à l'avenir». Un forum sera organisé à cet effet demain à Alger, a-t-il annoncé pour débattre entre professionnels et institutions publiques autour de ce thème. L'objectif, dira le conférencier, «c'est de savoir s'il y a de réelles perspectives en Algérie pour la finance islamique». M. Ben Terdeyet a fait remarquer que «la finance conventionnelle est très peu développée chez nous et que les voisins maghrébins sont très agressifs et avancés. A ce niveau-là, on se demande si l'Algérie n'a pas intérêt à développer plutôt un système financier respectueux de la charia qui apparaît aujourd'hui comme un modèle». Car, poursuit-il, «la crise financière a démontré que la finance conventionnelle était assez fragile et que les principes de la finance islamique commencent à revenir sur le devant de la scène, et nous voulons essayer de susciter un débat et un intérêt auprès d'un maximum d'acteurs de la place financière d'Alger». Le conférencier, en attestant que l'Algérie accuse un certain retard dans ce domaine, dit que l'ambition est de relever les défis pour faire d'Alger une place importante de la finance islamique. «Ces défis doivent être relevés au niveau règlementaire, fiscal et des compétences humaines. Car l'idée, ce n'est pas d'importer les ressources humaines mais de travailler avec les Algériens et ne pas compter uniquement sur les Occidentaux.» Pour sa part, le directeur des affaires juridiques au niveau d'El Baraka Bank, Nacer Hider, a indiqué que le marché financier algérien est dominé à 90% par le service public. Les banques islamiques, elles, relèvent du secteur privé. Selon cet intervenant, les fonds gérés par les banques islamiques sont estimés à 700 milliards de dollars, et l'objectif est d'atteindre 1 000 milliards de dollars d'ici l'horizon 2010. Elles ne représentent au fait qu'une petite partie du marché financier mondial, soit 1 à 2% seulement. Pour ce qui est d'El Baraka Bank, elle occupe seulement 1,8% du marché financier algérien global et 5% du marché bancaire privé. D'où l'intérêt de développer ce créneau selon le souhait des deux animateurs de ce débat qui disent qu'«il y a de plus en plus d'intérêt affiché par les citoyens algériens, notamment ceux résidant à l'étranger, pour ce type de services financiers». Même les banques étrangères s'intéressent de plus en plus à la finance islamique et envisagent d'y intégrer leurs produits, disent-ils. Cela étant, il reste beaucoup à faire en Algérie, ont estimé les animateurs du débat, surtout du côté règlementaire et même de la formation.Sur ce dernier point, ils ont indiqué qu'«aucun module à proprement dit sur la finance islamique n'est dispensé dans les universités algériennes». Enfin, faut-il signaler qu'El Baraka Bank compte financer à compter de ce mois de petits projets d'artisans et de femmes au foyer en conjointe collaboration avec un organisme financier suisse. Ghardaïa est la wilaya qui constituera le point de départ de ce projet. B. A.