Photo : Riad Par Samira Imadalou La crise financière mondiale née il y a une année aux Etats-Unis a eu de lourdes conséquences sur l'économie mondiale. Plusieurs pays ont subi de plein fouet les conséquences de cette crise, considérée par les spécialistes comme le premier choc global sur l'économie mondialisée. Ceux qui ont investi dans les fonds souverains en rachetant les actions de certaines banques de renommée internationale ont perdu des sommes faramineuses. Au total, les pertes se chiffrent à 67 milliards de dollars. Face à cette situation, les experts économiques se posent moult interrogations quant à la gestion des risques de ces fonds lancés pour la première fois en 1953 dans les pétromonarchies du Golfe. Une région qui constitue le plus grand gisement de liquidités (d'argent) au monde, grâce aux pétrodollars dont le volume est poussé à la hausse par le cours actuel élevé du pétrole. Les questions concernent également l'objectif de cette option d'investissement. «Tout porte à croire qu'il s'agit beaucoup plus d'un objectif politique qu'économique», estiment d'ailleurs les experts, lesquels prévoient une forte croissance de ces fonds pour les prochaines années. Evalués actuellement à 3 500 milliards de dollars, ils pourraient passer à 12 500 milliards de dollars pour des actifs de l'ordre de 15% (contre 1,3% actuellement) à l'horizon 2015, selon les prévisions. A travers cette option d'investissement, les Etats ont des objectifs différents. Placement à long terme et préparation de l'après-pétrole pour les monarchies du Golfe ou la Norvège et reclassement des excédents commerciaux pour les pays émergents, à l'image de l'Asie, de manière à maximiser le rendement financier à la recherche de positions de contrôle dans des secteurs-clés, telles les matières premières ou l'énergie. Qu'en est–il pour l'Algérie dont le fonds de régulation des recettes tirées des hydrocarbures est doté d'un montant de plus de 3 200 milliards de dinars (44 milliards de dollars) ? Le débat sur cette question est bel est bien lancé. Après les déclarations récentes des ministres des Finances et de l'Energie, dont les avis divergent, c'était au tour, la semaine dernière, des experts économiques de se prononcer sur le dossier à l'occasion d'une rencontre-débat organisée au forum d'El Moudjahid. «Ce n'est pas encore le moment.» Un avis partagé par les animateurs de ladite conférence, ayant jugé à l'unanimité sage la décision de l'argentier du pays. Pour les intervenants, beaucoup d'étapes sont à franchir avant de recourir aux fonds souverains, et ce, d'autant que le montant du fonds de régulation des recettes hydrocarbures est minime pour être investi ailleurs ou, plus récemment, pour l'exploiter «au chevet des multinationales», comme l'a souligné un expert. L'autre facteur qui explique la réticence des experts face à ce phénomène économique mondial est l'absence d'un management efficace. «Il faut avoir les compétences managériales pour pourvoir gérer les risques», soutiennent-ils. Ils ont d'ailleurs plaidé pour la promotion des ressources humaines, un aspect négligé pendant de nombreuses années. Il y a donc un énorme retard à rattraper en la matière. Il y a aussi la nécessité d'adopter des règles de bonne conduite à travers la mise en place d'institutions de régulation. Comme seule alternative, le directeur de la Bourse d'Alger a suggéré la création de petites caisses avec une prise de participation limitée mais diversifiée dans des actions de grandes multinationales et des obligations de Trésor d'autres pays, afin de diversifier les risques et faire fructifier d'une manière sécurisée les revenus du pays. Est-ce possible dans la conjoncture actuelle ? La question reste posée, en attendant la décision des pouvoirs publics. Car, il s'agit, avant tout, d'une décision politique. Fonds souverains : définition Les fonds souverains, ce sont des capitaux détenus par des États, le plus souvent des pays émergents, et alimentés par leurs excédents de changes ou pétroliers. Parce que leurs ressources explosent, ces fonds ne se contentent plus d'acheter des bons de Trésor, mais, investissent en actions dans des entreprises à travers le monde.